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Transamerica

mercredi 7 août 2013, par Andy

Bree (Felicity Huffman), transsexuelle nommée Stanley Schupak à l’état civil, doit être opérée pour une vaginoplastie, dernière opération pour qu’elle devienne physiquement une femme. Une semaine avant, elle reçoit un coup de téléphone d’un adolescent de 17 ans, Toby Wilkins, qui prétend être le fils de Stanley et avoir besoin de lui car il est détenu dans un poste de police de New York.

Sur l’ordre de sa thérapeute, Bree fait le voyage de Los Angeles à New York pour faire libérer Toby et se confronter à son passé d’homme. Face à lui, elle se fait passer pour une missionnaire chrétienne venant en aide à un adolescent, qui se révèle vivre de la prostitution et consommateur de drogue. Bree décide de le ramener auprès de son beau-père dans le Kentucky, avant de se rendre compte que Toby n’y a plus vraiment d’attaches et de le conduire jusqu’en Californie où il souhaite tenter sa chance dans le cinéma, au risque néanmoins de perdre les économies durement réalisées pour financer l’opération.

On voit, on a même l’impression d’avoir déjà vu. Mais qu’une variable change dans cette équation, et un film inédit, inattendu et incongru prend corps : la femme au volant est en fait le père du passager adolescent. Transamerica, film indépendant qui a accumulé les récompenses entre le dernier festival de Deauville et les Golden Globes (meilleure actrice), est ce prototype, un road movie tragi-comique dont l’héroïne se trouve être une transsexuelle. Encore fallait-il que le coup de force ne tourne pas au gadget à sensations. C’est là qu’il faut mentionner la deuxième caractéristique la plus déterminante. Le rôle de Bree la « trans » est joué par celle que les nombreux fans de la série culte Desperate Housewives connaissent sous les traits d’une cadre dirigeante devenue Toby (Kevin Zeqers) et Bree (Felicity Huffman), plus tout à fait son père et pas encore sa mère... mère au foyer débordée, Felicity Huffman. Sa composition confine au grand art. Là où la solution de facilité aurait consisté à travestir un homme, l’actrice parvient à suggérer en même temps que Bree est psyehique-ment une femme et qu’elle lutte contre un reste de masculinité corporelle. D’un côté, le perfectionnisme Actors Studio d’une transformation physique calculée au cheveu près, de l’autre une finesse, une sobriété de jeu à l’européenne. En tout cas une silhouette et un visage (plus une voix) immédiatement crédibles et émouvants, dévoilés dans l’intimité d’une maisonnette dérisoire, presque un cabanon de plage, en Californie.