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Péril suicidaire chez les jeunes homos

lundi 1er octobre 2001, par Lionel 3

Une enquête indépendante révèle qu’un homo ou bisexuel homme a treize fois plus de risques de faire une tentative de suicide qu’un hétérosexuel.

Extrait de l’article paru dans liberation.fr

Enquête de Blandine GROSJEAN, vendredi 04 mars 2005

Chaque jour en France, trente personnes se suicident, environ quatre cent tentent de le faire. Combien d’homosexuels ? Question incongrue, sinon taboue en France. « Il y a une omerta de la part des pouvoirs publics », dénonce David Auerbach, porte-parole de la fédération française des CGL (centres gays et lesbiens) : « Ce n’est pas :"Qu’ils crèvent tant mieux !", c’est un aveuglement et cela revient au même. »

Lors des journées nationales pour la prévention du suicide, début février, les mouvements homosexuels ont une nouvelle fois demandé à l’Etat de lancer une enquête épidémiologique sur cette question, à l’instar de ce qui s’est fait aux Etats-Unis et au Canada, et « en concertation avec les acteurs concernés ». Leurs voeux sont à moitié exaucés puisqu’une une enquête épidémiologique, dont Libération publie les résultats préliminaires, a été menée en France entre 1998 et 2003, mais sans intégrer les associations ni les chercheurs LGBT (lesbiens, gays, bi et trans).

Fourchette. Marc Shelly, médecin en santé publique à l’hôpital parisien Fernand-Widal, et David Moreau, ingénieur de recherche à l’association de prévention Aremedia, ont mis en évidence parmi les homos et les bisexuels vivant en France un taux de « suicidabilité » 13 fois supérieur aux hétérosexuels du même âge et de même condition sociale. Autrement dit, un homo ou bisexuel a treize fois plus de risque de faire une tentative de suicide qu’un hétérosexuel. Menée auprès de 933 hommes, âgés de 16 à 39 ans, l’étude a été préparée et validée par Pascale Tubert-Bitter, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à l’unité biostatistique et épidémiologie. Elle montre aussi qu’un homme sur trois faisant une tentative de suicide est homo ou bisexuel. Les résultats se situent dans la fourchette haute des estimations anglo-saxonne, et confirment l’enquête exploratoire de la même équipe, dont le compte rendu a été publié fin 2003 dans la revue de référence britannique, le British Medical Journal.

L’autre volet de l’étude montre ce qu’avait déjà mis en lumière Philippe Adam (Institut de veille sanitaire) dans une enquête, en 2000, auprès des lecteurs de la presse gay : les homos et les bisexuels à antécédent suicidaires se protègent rarement lors de rapports de pénétration avec un partenaire inconnu, contrairement à leurs pairs non-« suicidants ». Contrairement à la population générale, la « sursuicidalité » chez les gays n’est pas liée à des facteurs géographiques, à la catégorie socio-professionnelle, au fait de vivre seul, en couple ou en famille (pour les plus jeunes), ni à des maladies psychiatriques. Cela accrédite pour Marc Shelly l’hypothèse que le suicide chez les gays serait d’abord lié à des facteurs psychosociaux, « l’homophobie qui provoque une mauvaise estime de soi ».

(...)

Pour le docteur Shelly, il faut que les psychiatres actualisent leurs pratiques. « Ce sont eux qui reçoivent en urgence les suicidants. Et le plus souvent ils ne prennent pas en compte cette dimension, et passent à côté de l’appel au secours. » Seuls les résultats sur les homos et les bisexuels masculins sont actuellement totalement traités. Le volet féminin ferait apparaître une sursuicidalité importante chez les bisexuelles. Les liens avec les abus sexuels donneront lieu à des articles spécifiques ultérieurs.


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