Accueil > ACTUALITÉS SELECTIVES > Arts vivants : ça fait très mâle !

Arts vivants : ça fait très mâle !

jeudi 1er septembre 2011, par Andy

 Jusqu’à quand faudra-t-il conjuguer la culture au masculin ? En 2006, Reine Prat, chargée de mission pour le ministère de la Culture, rendait un rapport explosif sur l’égalité hommes-femmes dans les arts vivants. Consternants, ses chiffres révélaient un vigoureux machisme institutionnel : 92 % des théâtres nationaux et régionaux et 89 % des institutions musicales étaient alors dirigés par des hommes. Pis : dans une même institution, le coût moyen d’un spectacle pouvait varier du simple au double selon le sexe du metteur en scène. Reine Prat enfonce aujourd’hui le clou et appuie là où ça fait mal, très mâle.

 Trois ans après sa première enquête, rien n’a changé ou presque. Si trois des cinq théâtres nationaux sont désormais dirigés par des femmes, la musique symphonique demeure un repaire de mâles dominants. Quant à la danse, victime d’un inquiétant « syndrome de masculinisation », elle accuse une régression très nette. En 2008, on ne comptait plus que 32 % de directrices à la tête des centres chorégraphiques nationaux, contre 41 en 2006.

 « Le vivier de talents féminins existe bel et bien, estime pourtant Reine Prat. S’il était exploité, nous occuperions entre un tiers et la moitié des postes de direction, au lieu de 0 à 20% actuellement. » En attendant, les mecs se réservent l’accès aux salles prestigieuses et aux moyens de production. Au risque d’imprégner leurs choix artistiques d’un fort parfum de testostérone.

 En mars dernier, le Parlement européen a adopté une résolution sur « l’égalité entre les hommes et les femmes dans les arts du spectacle ». Autre initiative, Beaubourg propose un accrochage 100 % féminin (1). Pas sûr que cela ébranle la forteresse...

MATHILDE BLOTTIÈRE, Télérama, Juin 2009 (1) « elles@centrepompidou », jusqu’au 24 mai 2010.