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Penser le sexisme (exposé magistral)

mercredi 28 août 2002, par Lionel 3

TACHES

 La répartition sexuelle des tâches qui place en dépendance l’un de l’autre deux individus mariés. Les femmes ne sont plus maîtresses de leur propre sort, elles ne sont plus sujettes de leur propre histoire. On leur interdit les tâches nobles. Il se développe un ensemble de jugements de valeurs qui sont toutes fondées sur le dénigrement, l’infériorisation. Ce qui perdure avec l’inégalité dans la répartition sexuelle des tâches dont la fonction est identique.

BIOLOGIE

 La biologie apprend qu’il n’existe pas nécessairement deux sexes, et qu’il faut définir ce terme. On peut affirmer que le sexe existe depuis l’origine de la vie. La vie n’existe pas sans sexe sur la planète, sauf en cas de perte. On peut définir le sexe comme déterminant de groupes d’individus hommes et femmes chez les humains. Les membres de l’un de ces groupes ne peuvent se reproduire qu’avec les membres de l’autre groupe. C’est un invariant humain que l’on ne retrouve pas cependant dans le monde du vivant au regard par exemple de l’hermaphrodisme des plantes qui est la norme. La plupart des plantes possèdent à la fois la fonction mâle et la fonction femelle sans compter qu’il existe des plantes qui ont plusieurs sexes (par exemple : les trèfles, les primevères).

ÉTIQUETAGE 

La configuration physique affecte l’individu à une classe biologique « mâle » ou « femelle » ; c’est un étiquetage lié au sexe anatomique. Ce processus de triage appartient à une normalité des choses qui impose aux membres de chacun des sexes de se soumettre à une socialisation différentielle. A cette grille sexuelle d’appréciation de l’individu se superpose une manière spécifique d’apparaître, d’agir et de sentir lié à une classe sexuelle, explicite Goffman. Outre l’invariance anatomique de chacune des classes, il apparaît une singularité d’être homme ou femme. Chaque société élabore à sa manière les classes sexuelles en ce qu’on appelle le genre. Celui-ci est une conséquence sociale et objective de la différenciation biologique. Chaque société se forge une opinion sur ce qui caractérise une classe sexuelle avec une somme d’attributs appréciés et dépréciés. Ce qui configure des idéaux de masculinité et de féminité qui correspondent pas forcément avec les classes sexuelles. Des traits ou idéaux féminins peuvent se trouver chez un homme et inversement. Goffman explicite la notion de genre en fonction d’un questionnement individuel : quel sentiment élabore t-il de qui il est et de ce qu’il est en se référant à sa classe sexuelle et en se jugeant lui-même selon les idéaux du masculin (ou du féminin).

FEMINISTES

Les féministes entendent les avancées actuelles moins comme un indice de libération de la femme et de son corps mais plus comme une subordination aux hommes qui décident du corps de la femme. Le corps de la femme est plus volontiers dénudé que celui de l’homme ; cela est autorisé au titre d’un jeu de séduction et de fantasmes. Le corps féminin est à la fois offert et refusé, traversée d’un pouvoir d’attraction et de séduction qui font honneur aux hommes auxquelles elles sont liées. Elles sont censées faire rêver ou fantasmer les autres hommes : leurs maris en retire du prestige. Et l’injonction double et paradoxale pour la femme : soit séduisante et fidèle. La femme est réduite à une parure offerte au regard des autres, un accessoire de l’homme dont il maîtrise les apparences. L’un des points forts de la domination masculine est la maîtrise par l’homme d’une image de la femme qui se réalise comme objet de désir masculin.

DOMAINES RÉSERVÉS

 Le triage des personnes, la division du monde en deux classes sexuelles s’inscrit dans une pseudo normalité des choses du monde. Les distinctions humaines réduites à l’opposition entre les masculins et les féminins justifient des attributions différenciées. Il appartient aux hommes de se distinguer dans le monde extérieur, les lieux publics par leur bravoure, la compétitivité, leur exploit ; quand aux femmes, elle est cantonnée au monde intérieur, au foyer et doit se faire remarquer par la bonne exécution des travaux domestiques et la bonne éducation, le parfait soin aux enfants. Chacun vit dans son domaine réservé, l’un dans un domaine plus visible et flamboyant, plus exposé en général, lorsque l’autre, invisible, humble et discret. Des rapports sociaux de domination et d’exploitation sont établis entre les genres. On inculque en toute logique aux femmes la discrétion, la résignation et la vertu. On peut tout naturellement penser que les dominés intériorisent les catégories construites par les dominants. On fait apparaître comme faussement naturelles cette catégorisation aux propriétés défavorables aux femmes.

INSÉCURITÉ

 La domination masculine place les femmes dans un état permanent d’insécurité corporelle et de dépendance symbolique. Elles existent d’abord parfums et pour le regard des autres hommes, en tant qu’objet attrayant voire disponible.

BIENS SYMBOLIQUES D’ÉCHANGES 

Toujours pour Bourdieu, le principe d’infériorité et d’exclusion de la femme (que les mythes et rites valident et amplifient) relève de la question du marché des « biens symboliques ». Il apparaît une dissymétrie fondamentale entre le sujet et l’objet, l’agent et l’instrument de fait instauré entre l’homme et la femme sur le terrain des échanges symboliques dont le noeud centrale est le marché matrimonial : les femmes sont des objets symboliques d’échange entre les clans au les familles. Elles doivent contribuer à la perpétuation et à l’augmentation du capital symbolique des hommes (enfants et famille) : elles constituent un instrument symbolique de la politique masculine, réduisant à néant leur aptitude à être sujet. Elles circulent entre les hommes comme une monnaie, elles sont des valeurs conservées à l’abri de l’offense et du soupçon. Elles sont la matrice des enfants, de la famille, de la lignée. Elles peuvent produire des alliances utiles aux familles. Ce qui accroît une exigence de pureté, de chasteté pour la femme ainsi qu’un contrôle de leur plaisir personnel (l’excision). Les caractéristiques d’anciennes sociétés aussi loin soient elles, n’en n’explique pas moins les manières encore inconscientes d’envisager les femmes comme un produit, un objet, un être moins qu’un homme.

DEVOIR DE VIRILITÉ

 Les hommes sont prisonniers des attitudes objectales, soumises et résignée qu’ils imposent aux femmes dans la mesure qu’ils doivent s’en prémunir en opposant à ces catégories négatives, des vertus positif pour se construire comme un homme. L’état d’hommes engage un devoir être masculin qui ne se discute pas et qu’on retrouve dans les groupes où l’homme apprend les valeurs de la virilité qui trouve sa contrepartie de dans les peurs que suscite la féminité, l’incarnation de la vulnérabilité et de la faiblesse comme la ruse. Tout contribue à idéaliser la virilité vers un modèle utopique ou irréalisable mais duquel il convient de s’approcher au maximum. La virilité doit être validée par les autres hommes avec un certain nombre de rites d’hommes (on pense à des formes de bizutage dans le monde estudiantin ou militaire). On y repère de véritables épreuves de virilité qui renforcent les solidarités masculines. Affirmer sa virilité peut conduire à des viols collectifs de bande d’adolescents, des ratonnades de pédés, des insultes sexistes afin de prouver qu’on n’est pas des mauviettes. Il s’agit d’affirmer sa virilité devant les autres dans des actes de violences et de ne pas perdre la face devant le groupe en ne répondant pas à son attente. C’est la garantie de masculinité. Autrement, ce serait une lâcheté, contraire au courage attendu d’un homme, un vrai. L’auteur précise que la virilité est une notion à vocation relationnelle, construite devant et pour les autres hommes et contre la féminité ; dans une sorte de peur du féminin ou avec la crainte de se féminiser ; d’où le rejet homophobe, la peur de devenir homosexuel.

CHANGEMENTS POUR DEMAIN

 Il convient de briser la violence conjugale, la dévalorisation et tous les préjugés négatifs à l’égard des femmes, la peur du féminin exacerbant la violence ainsi que le confinement dans les rôles traditionnels niant l’égalité entre hommes et femmes. Il convient de donner aux femmes des postes d’autorité de responsabilité et de mettre fin aux inégalités de carrière et de formation qui perdure. De manière à ce que les hommes ne s’amplifie se plus l’espace public et le chant du pouvoir. Empêchant les femmes de sortir de l’espace privé (maternité, éducation des enfants, tâches domestiques) La catégorisation de l’ordre social, la catégorisation sexuellement ordonné, l’expérience de genre aux rôles attribués constitue un monde parfait parcellisé génère de la violence et de frustration à cesser de transmettre aux générations futures.

SOLUTIONS IMMÉDIATES  

Mettre tout sur la table. Montrer les multiplicités camouflées ou cachées de chacun des individus, dévoiler la pluralité des catégories, problématiser les identités dans une perspective constructiviste d’enrichissement. Les identités sont de perpétuelles constructions, des constructions à perpétuité.