Accueil > PARCOURS DIDACTIQUES > S’ouvrir à l’égalité

S’ouvrir à l’égalité

mercredi 11 août 2010, par Andy

Répertoire d’activités pour la promotion de conduites égalitaires entre filles et garçonsS’ouvrir à l’égalité« L’école de l’égalité », un projet romand des bureaux de l’égalité avec le soutien des départements de l’instruction publique
Répertoire d’activités pour la promotion de conduites égalitaires entre filles et garçons ; « L’école de l’égalité », un projet romand des bureaux de l’égalité avec le soutien des départements de l’instruction publique.

Le descriptif du guide de suisse romande : S’ouvrir à l’égalité.


Aujourd’hui, l’égalité scolaire entre les filles et les garçons est réalisée à bien des égards : mixité générale, programmes identiques, examens semblables, diplômes équivalents. Les filles comme les garçons ont accès à toutes les filières de formation scolaire et professionnelle. On peut même remarquer qu’au niveau de la scolarité obligatoire, les filles réussissent mieux que les garçons, elles ont de meilleures notes et doublent moins fréquemment une classe. Il faut se féliciter de ces formidables avancées. Ce processus remarquable demeure malheureusement inachevé dans la mesure où, en particulier, la « réussite » scolaire des filles ne se traduit pas par une amélioration de leur position sur le marché du travail. Parmi les nombreux constats que l’on peut faire, cinq nous paraissent aujourd’hui essentiels : 1. Les filles sont aussi nombreuses que les garçons à suivre des études postobligatoires1 ; depuis 1993 elles sont même plus nombreuses à obtenir la maturité (20% de filles, 16% de garçons). Elles réussissent donc mieux scolairement. Mais au niveau du tertiaire (Hautes Écoles Spécialisées, filières supérieures de la formation professionnelle, universités), une femme sur quatre n’a jamais suivi de formation, alors que seul un homme sur sept est dans ce cas : au final, un tiers des hommes est titulaire d’un diplôme du niveau tertiaire, seul un sixième des femmes l’est. Les femmes sont desservies dans leur vie professionnelle par ce manque de formation que leurs résultats scolaires ne laissent pas augurer. 2. Les filles s’orientent moins vers des filières porteuses d’avenir professionnel telles que les sciences et les techniques. Selon l’enquête PISA (2003), 15% des filles en Suisse font des études techniques et scientifiques, contre 30% en Europe. Ces choix professionnels spécifiques au sexe n’ont que peu évolué depuis 1990. La majorité des femmes se cantonnent dans une dizaine de métiers : Les professions les plus fréquemment choisies par l’ensemble des jeunes gens sont les professions de bureau, où les femmes représentent près de deux tiers des effectifs. La proportion des jeunes hommes est la plus élevée dans les professions de la métallurgie et de l’industrie des machines, dans la construction et dans les professions techniques ; les jeunes femmes sont davantage représentées dans les professions médicales, le secteur des soins corporels et la vente. La différence est moindre ou quasi nulle dans l’horticulture ou dans la restauration. (Office fédéral de la statistique, À formation égale, égalité des chances ?, 2002) 3. Si les femmes ont bien investi le monde du travail — elles étaient 71% en 2001 à avoir une activité rémunérée —, elles n’occupent pas les mêmes places hiérarchiques que les hommes. La proportion des employées exerçant une fonction dirigeante est de 22%, celles des employés est de 37%. 4. Les femmes bénéficient globalement de conditions de travail plus défavorables :
 elles sont plus souvent au chômage (en 2001 3,5 % contre 1,7 % chez les hommes) ;
 à situation égale en 2004, elles sont payées en moyenne de 15 à 24 % de moins que les hommes dans le privé, 9,6% de moins dans le secteur public fédéral ;
 elles subissent plus souvent des temps partiels impliquant des contrats de travail précaires. 5. Les femmes sont par ailleurs celles qui souffrent le plus de la pauvreté. En 2000, une femme sur cinq travaillant à plein temps gagnait moins de 3’000 francs, situation que seul un homme sur vingt connaissait. Il y a beaucoup d’explications à ce moins bon positionnement des femmes. Mais l’une d’entre elles réside dans le fait que les parcours de vie et les choix professionnels des jeunes sont encore trop largement déterminés par les stéréotypes de sexe aux dépens de leurs aspirations personnelles et de leurs compétences réelles. Afin que les filles comme les garçons puissent se développer au mieux de leurs capacités, en fonction de leurs désirs propres et indépendamment des préjugés de sexe, il faut que l’école participe de façon constante, transversale et proactive, à la construction de l’égalité et à l’avènement de la mixité professionnelle. L’école n’est bien sûr pas la seule à devoir oeuvrer dans ce domaine : la famille, les entreprises, les médias, etc. ont leur part de responsabilité. La nouvelle mixité devrait non seulement servir l’épanouissement personnel mais favoriser l’existence de relations interpersonnelles égalitaires et harmonieuses, l’émergence d’une démocratie paritaire, la productivité économique et le bienêtre social. Pour réaliser de tels objectifs, la Conférence latine des délégué-e-s à l’égalité (CLDE), en collaboration avec divers départements de l’instruction publique romands a développé un projet de sensibilisation à l’égalité dont les objectifs généraux sont les suivants :
 Élargir les orientations scolaires et les choix professionnels des filles comme des garçons.
 Développer des rapports harmonieux entre les sexes.
 Encourager une véritable culture de l’égalité tant parmi les élèves que parmi les enseignant- e-s. Le projet L’école de l’égalité devrait constituer un outil stimulant mais facultatif pour les enseignant- e-s qui souhaiteraient intervenir de façon plus accentuée sur les questions d’égalité, sans pour autant porter atteinte au programme obligatoire. À la différence des autres activités déjà proposées par les bureaux de l’égalité (Journée des filles, Journée Oser tous les métiers, Tekna, Planète Métiers, Relève le défi, ateliers de découverte des filières techniques pour les jeunes filles, etc.), ce projet a la particularité de se réaliser au coeur de la classe et de pouvoir être mis en oeuvre par les enseignant-e-s mêmes soit de façon ponctuelle soit de façon plus suivie. Il peut s’agir tantôt d’initiatives personnelles tantôt de participation à des réalisations collectives, comme un projet d’établissement consacré à l’égalité ou au respect, ou à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Enfants (20 novembre), Journée Internationale des Femmes (8 mars), etc. Les points forts de ce projet peuvent être résumés ainsi :
 Il couvre toute la scolarité obligatoire.
 Il peut se pratiquer dans le cadre des activités ordinaires d’une classe.
 Il est de conception et d’orientation intercantonale.
 Il intègre les visées du Plan d’études cadre romand dit PECARO.
 Il a été testé par des enseignant-e-s de terrain.
 Il est stimulant mais facultatif. Le projet global est composé de trois volets : S’ouvrir à l’égalité pour les 4-8 ans, S’exercer à l’égalité pour les 8-12 ans et Se réaliser dans l’égalité pour les 12-16 ans.
 S’ouvrir à l’égalité : ce premier volet s’adresse aux deux années enfantines ainsi qu’aux deux premiers degrés. Il prend la forme d’un répertoire de treize activités essentiellement orales, regroupées par niveaux (école enfantine, 1er degré et 2e degré) qui peuvent être menées en classe. Indépendantes les unes des autres de sorte que l’enseignant-e peut choisir ce qui lui convient le mieux, elles se présentent comme des fiches didactiques pour l’enseignant- e accompagnées d’une illustration à l’usage des enfants. Chacune de ces fiches décrit une leçon d’une trentaine de minutes. Si l’enseignant-e poursuit par des jeux de rôles ou du coloriage, elle peut prendre plus de temps. Les illustrations destinées au coloriage sont regroupées en fin de volume.
 S’exercer à l’égalité : ce deuxième volet qui se décline en deux volumes s’adresse aux élèves des troisième et quatrième degrés (S’exercer à l’égalité I) et aux enfants des cinquième et sixième degrés (S’exercer à l’égalité II). Il offre un ensemble de fiches de l’élève, prêtes à l’emploi et aisément photocopiables, qui s’insèrent dans les différentes matières : français, mathématiques, histoire, musique, arts visuels, à quoi s’ajoutent, pour les cinquième et sixième degrés, l’allemand, la géographie et les sciences. Un-e enseignant-e du premier cycle primaire peut aussi y trouver, en les adaptant, des modèles de fiches pour ses classes.
 Se réaliser dans l’égalité : ce dernier volet s’adresse plus spécifiquement au corps enseignant des années sept à neuf. Vingt-cinq études de cas concrets donnent à voir les comportements stéréotypés et discriminatoires qui apparaissent à l’encontre des filles et des garçons, de la part des élèves eux-mêmes ou des adultes de la communauté éducative. Il conduit les enseignant-e-s à s’interroger sur leurs pratiques et sur les interactions qui se jouent en classe. Les thèmes suivants sont abordés : le goût des mathématiques, les interactions enseignant-e-s /élèves en classe, l’évaluation, le travail en groupe, les activités physiques, les insultes sexistes, l’orientation scolaire et professionnelle, etc. Bien que ces situations aient été empruntées à la vie quotidienne de la fin de l’école obligatoire, à savoir les degrés 7 à 9, elles sont transposables à d’autres degrés, inférieurs ou supérieurs. Pour chacune de ces activités, le degré auquel elle s’adresse est inscrit dans la bordure en haut de la fiche. Une activité peut s’adresser à plusieurs degrés ou à un seul. Un sommaire par degré se trouve au début du volume : cinq activités pour l’école enfantine, sept pour le premier degré et huit pour le second degré. L’enseignant-e a toute liberté d’adapter la fiche à sa classe. Il est également possible d’utiliser tout ou partie du répertoire : ces fiches sont indépendantes les unes des autres et ne respectent pas un ordre d’utilisation. Les mises en situation sont le plus souvent volontairement très brèves. Elles peuvent ainsi être étoffées par l’enseignant-e en fonction de sa classe, du niveau et/ou du vécu de celle-ci. Tous les prénoms choisis renvoient à l’aspect multiculturel des classes : ils sont bien sûr interchangeables et ne cherchent pas à stigmatiser une communauté plutôt qu’une autre. De même, les questions suggérées, et parfois les réponses données entre parenthèses et en italique ne sont pas contraignantes. Elles sont là pour susciter chez l’enfant l’envie de partager ses expériences et ses sentiments : on prêtera attention à ne pas les contraindre, ni à faire intrusion dans leur vie privée, ni à juger leur situation familiale. Les quelques lignes de conclusion indiquent comment terminer l’activité avec les enfants et offrent parfois un commentaire à l’usage de l’enseignant-e. Leur ton prescriptif correspond à la demande des enseignant-e-s qui ont testé ces fiches et qui ont souhaité avoir des lignes directrices de discussion. À chacun-e le soin de les adapter. Toutes les fiches sont accompagnées d’une illustration. Celle-ci peut être montrée à la classe, fixée au mur : elle sert de support à la mise en situation proposée. Ces illustrations sont également rassemblées en fin de volume sans à-plat afin que les élèves puissent les colorier. Le coloriage possède des vertus pédagogiques : il prolonge l’activité en permettant aux enfants de s’exprimer librement sur l’illustration ou simplement d’y repenser. Tout au long de ces fiches nous avons dû réfléchir à ce paradoxe : comment parler des différences entre les filles et les garçons sans renforcer les préjugés de genres ? Comment dire que les filles et les garçons ont des comportements différents sans les conforter ? Comment décrire une attitude non-traditionnelle sans fixer ainsi la tradition ? Mais ne rien faire consisterait à laisser vivre les préjugés et les stéréotypes. Certaines activités permettent de travailler le savoir-être. Il appartient aux enseignant-e-s de décider de la façon de gérer cette dimension : il convient de souligner qu’elle ne saurait faire l’objet d’une évaluation identique à celle des connaissances. En guise de conclusion, rappelons que la prise en compte systématique de la perspective de genre dans l’éducation et la formation est nécessaire si l’on veut aboutir à une société plus égale, ce qui signifie pour les élèves : respecter les différences, s’épanouir en tant qu’individu, développer la totalité de sa personne, être libre de choisir son orientation professionnelle. Il s’agit là de valeurs éducatives essentielles pour l’école publique, inscrites dans la Déclaration des Droits de l’Enfant2 comme dans la déclaration du 18 novembre 1999 de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP)3. Le programme L’école de l’égalité a pour objectif de contribuer à la réalisation d’une de ses lignes fondamentales d’action à savoir : veiller à ce qu’aucune tendance discriminatoire ne puisse jamais s’y développer.

TOUTES LES BROCHURES SONT ICI :http://www.egalite.ch/ecole-egalite.html


S’ouvrir à l’égalité Répertoire d’activités pour la promotion de conduites égalitaires entre filles et garçons Degrés enfantine, 1 et 2 Adaptation romande : Mireille Noël Avec la participation active du groupe de travail intercantonal « Apprendre l’égalité » composé de Franceline Dupenloup, Sylvie Durrer, Gianni Ghiringhelli, Muriel Guyaz, Nicole Jacquemet, Anne-Marie Messiano, Francine Richon, Stéphanie Siggen, Anne Volet et Ruth Wenger. Le groupe a aussi bénéficié des apports de Sabine Girardet, éditrice scolaire. Illustrations : Helen Tilbury Graphisme : Sophie Jaton