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Focus sur les actions de formation existantes

lundi 12 août 2002, par phil

Le "marché" de la formation sur la thématique "éducation/homosexualités/homophobies" (si marché, il y a) est vaste et multiple. Il est heureux d’observer l’œuvre d’un certain nombre de défricheurs qui interviennent dans les classes des établissements scolaires ou auprès des personnels socio-éducatifs. Nous avons établi en 2005 un état des lieux de ces actions en allant interviewer leurs promoteurs.

 La formation professionnelle des personnels éducatifs nous apparaît depuis plusieurs années comme la pierre angulaire de toutes actions en école sur les questions relatives à l’homophobie et les homosexualités, les questions de genre et de sexisme. Connaissances en la matière, comportements les plus adéquats et démarches pédagogiques ne s’inventent pas sans un minimum de savoirs et savoirs-êtres que l’expertise de certains spécialistes peut apporter. Cela nous semble d’autant plus un passage obligé qu’évoquer le sexe et la sexualité ne sont pas des thématiques neutres : elles exigent des formateurs et enseignants, personnels éducatifs une certaine clarification des valeurs personnelles et professionnelles qui peuvent toucher à l’intime. Bref, on n’évoque pas ces questions comme on étudie Ronsard. Des valeurs humaines, un goût du dialogue et un respect d’autrui sont nécessairement convoqués. Cela et d’autres éléments aussi, comme une connaissance accrue des études sur le genre et les sexualités sont donc des préalables à toutes conceptions pédagogiques, et exigent une formation complète et adéquate tant en formation initiale qu’en formation continuée.

 En 2005, le ministère de l’éducation ne semble pas encore prêt à quelques injonctions de formation Lgbt dans les lieux de formation de maîtres et professeurs de l’hexagone. Pourtant, quelques structures s’organisent et proposent leurs initiatives. D’autres prévoient une auto formation comme avec le développement de la mallette pédagogique "Vivre ses différences, comment parler de l’homophobie" à destination des lycées ( projet de l’association Couleurs Gaies à Metz). Les syndicats évoluent aussi, avec en 2004, l’organisation par le SNES / FSU d’un premier stage syndical. La question homophobe est aussi abordée ci et là en complément de réflexion sur les autres discriminations ( par exemple, depuis trois ans se déroule, dans l’académie de Créteil, une action de formation continue destinée aux professeurs du second degré où il s’agit de repérer les discriminations pour mieux agir). Ci et là, quelques conférences dans l’IUFM sensibilisent les enseignants. A ce titre Sos Homophobie a obtenu un agrément du rectorat de Versailles pour intervenir dans les lieux de formations afin de sensibiliser les élèves du secondaire et par là même de toucher les enseignants.(lire le communiqué)*

 Cela demeure cependant très partiel et secondaire, on se contente de juste sensibiliser sans réel plan de formation.

 Néanmoins, d’autres vont plus loin. Ainsi, le travail effectué par l’association marseillaise LGBT Formation - à laquelle nous nous associons - développe un programme de formation ambitieux avec un partenariat institutionnel. Financé par la DGS, la CPAM des Bouches-du-Rhône et soutenu par le Rectorat d’Aix-Marseille, ce projet a permis de former plus de 200 personnes et s’étend désormais au Vaucluse. Le MAG ( mouvement pour les jeunes gais) commence à développer des interventions. La ligue des droits de l’homme organise aussi sous la houlette d’Eric Verdier une formation-action sur les problématiques de la jeunesse homosexuelle en plusieurs modules qui jalonnent l’année 2005.

 Il est clair que toutes les initiatives d’horizon les plus divers ne sont pas de trop. Nous avons plus d’un million de personnels de l’éducation nationale à sensibiliser et former, plus les personnels socio-éducatifs des structures territoriales, plus les personnels des secteurs de santé ainsi que les secteurs de formation des adultes... Vaste marché, vaste ouvrage ! Reste quelques questions : comment élaborer un programme de formation efficient ? quels sujets prioriser et sur quel mode intervenir ? comment évaluer les dispositifs ?

 Observant donc en février 2005 l’aube de nouveaux dispositifs de formation, nous avons interrogé les acteurs les plus impliqués.

 interview de jacques Fortin, un des responsables du réseau LGBT FORMATION

 interview de Christophe BECQUES, un des responsables du réseau MAG

 interview de Michel de SOS Homophobie

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 Bonne nouvelle en cette rentrée 2004 : SOS homophobie vient de recevoir l’agrément permettant d’intervenir dans les lycées et collèges de l’académie de Versailles afin d’y présenter son module de prévention et de sensibilisation à l’homophobie.

 Ces derniers mois, de nombreux homosexuels ont été agressés en toute impunité ; ces agressions démontrent qu’une loi pénalisant les propos et actes homophobes est plus que jamais nécessaire. Néanmoins, cette loi ne sera efficace qu’accompagnée d’une véritable politique d’éducation et de prévention, comme nous l’avons rappelé au Premier Ministre lorsqu’il nous a reçus en juillet 2004. C’est dans le cadre de ce processus éducatif qu’intervient SOS homophobie devant les élèves mais aussi devant tout adulte exerçant une fonction pédagogique dans les établissements. L’année dernière plus de 700 élèves dans 5 régions ont été sensibilisés par notre association.

 D’autres demandes d’agrément auprès des rectorats de Paris et de Créteil, ainsi qu’au niveau national (Ministère de l’Éducation) ont été déposées. A Créteil notre demande a été rejetée, non sur le fond, mais parce qu’elle ferait double emploi avec la demande d’agrément national. Nous espérons que les dossiers en cours seront jugés favorablement et que les portes des lycées et collèges français vont enfin s’ouvrir à la lutte contre l’homophobie et la lesbophobie.