Accueil > Ze ARCHIVES > Interview de Michel de SOS Homophobie

Interview de Michel de SOS Homophobie

lundi 12 août 2002, par phil

 Pouvez-vous nous décrire les actions de formation que vous proposez ? en direction de quels personnels sont-elles destinées ?

 En fait, jusqu’à maintenant nous avons surtout fait des interventions devant les élèves (lycée et collèges [4e et 3e] ). A la fin de la présente année scolaire nous aurons sensibilisés environ 1100 à 1200 élèves. S’agissant de ces interventions la crainte de certains adultes sont relatives aux possibles incidents. Il n’ y en a jamais eu. D’ailleurs dans l’un des établissement (LEP) ou cette crainte avait été exprimée nous avons reçu ensuite une lettre chaleureuse du Proviseur adjoint qui assistait à l’intervention. Mais j’en profite pour dire ceci : il ne faut pas s’improviser intervenant comme cela, il faut s’y former, ce que nous avons fait et avoir défini un cadre strict (charte) sinon le danger de se laisser déborder est réel et ce serait terriblement contre productif. Le 2e souhait exprimé par les enseignant est le refus de la médiatisation d’une intervention : crainte de donner une vision déformée de l’établissement, problème du droit à l’image, aspect inhibant d’une caméra et nous partageons ce sentiment. De plus les rectorats craignent, en cas de médiatisation, les réactions de groupes organisés (via Internet notamment) D’ailleurs, le plus souvent, nos interventions ont été acceptée par le CA, donc les assoc. de parents sont informées. Mais nous proposons aussi des formations aux adultes impliqués dans le système éducatif. Notre expérience est néanmoins plus limitée en ce domaine et nous souhaitons la développer.

Nous sommes ainsi intervenus devant des éducateurs de quartier et des responsables de MJC.

 quels sont les thèmes inscrits à votre programme ? comment les abordez-vous ?
 comment vos formations sont-elles accueillies ? quelles résistances rencontrez-vous ? quelles craintes sont exprimées ?

 Thèmes : devant les scolaires : déconstruction des fausses représentations qui nourrissent l’homophobie (la LGBT-phobie en général),les conséquences de l’homophobie sur les victimes le droit français et européen. Devant les adultes, nous reprenons ces thèmes en insistant bien sûr sur le mal-être des victimes à partir d’exemples (témoignages sur notre ligne ou par courriel). Devant les scolaires et les adultes nous utilisons aussi la cassette Etre et se vivre homo (extraits). Nous leur exposons également notre argumentaire face aux clichés et aux idées reçues, afin qu’eux-mêmes puissent l’utiliser. Quant à la forme, il s’agit surtout d’un échange-débat. Nous avons pu constater que les infirmières (surtout elles) et les assistantes sociales sont très intéressées (souvent elles viennent assister aux séances devant les élèves). Beaucoup souhaitent une formation spécifique pour les adultes, nous disent vouloir l’organiser mais les demandes ne suivent pas. C’est bien là notre principal problème ; souvent les adultes (prof.) nous contactent : j’ai été confronté à ce problème, j’étais désarmé(e), venez faire une intervention. C’est bien, naturellement, mais la 2e démarche, celle qui dirait : venez former les adultes ne suit pas, ou, comme je l’ai dit, le désir en est exprimé, mais ne se concrétise pas.

 qu’est-ce qui ressort le plus des interventions ou débats menés avec les professionnels des milieux socio-éducatifs et enseignants ?
 S’agissant des discussions que nous avons pu avoir avec les infirmières qui ont assisté à nos interventions devant les élèves, ce qui ressort le plus, c’est que toutes savent qu’il y a des jeunes concerné-e-s qui viennent se confier, parfois à demi-mot, à elles. Toutes ont fait cette expérience. En revanche, lors de notre intervention devant des éducateurs de quartier (secteur de Marne-la-vallée) il y a eu une espèce de déni de leur part, ou plus exactement ils nous ont dit qu’il n’avaient jamais rien remarqué et qu’ils ne pourraient jamais rien remarquer parce que la sexualité était un sujet tabou que les jeunes n’aborderaient jamais avec eux. Nous avons eu l’impression qu’ils avaient été inscrits à cette formation par leur hiérarchie mais que c’était un peu contre leur gré nous nous sommes demandés dans quelle mesure eux-mêmes n’étaient pas un peu homophobe (bien que devant nous ils soient restés très neutres) mais leur manque total de réactivité et d’intérêt nous l’a laissé penser. Devant les responsables de MJC (même secteur), cela a été plus constructif, mais très variable d’une personne à l’autre. L’impression est tout de même que pour certains de ses adultes leur action ce concentre sur les problèmes sociaux généraux et "classiques" : chômage, drogue, racisme mais que tout ce qui touche à la sexualité reste ignoré.

 comment les professionnels peuvent-ils faire appel à vous ?
 Soit en appelant la ligne, (0810 108 135 ou pour les portables 01 48 06 42 41 )soit par Internet : ims@sos-homophobie.org

(ims= intervention en milieu scolaire)

 quels sont vos projets ? Développer ces actions (élèves et adultes) et donc recruter et former des intervenants. Développer des partenariats avec des associations similaires en région (nous avons établi quelques contacts), développer nos instruments pédagogiques : production d’une vidéo, mise au point de fiches pédagogiques téléchargeables à mettre sur certains sites : le nôtre mais aussi sur le vôtre si vous en êtes d’accord, sur celui de la Maison des enseignants

 & avez-vous d’autres commentaires ? Je crois qu’il faudrait véritablement que l’on arrive à faire davantage de formations adultes.