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Le scandale de la rentrée : délation & homophobie, Stop à l’homophobie dans l’éducation nationale !

mardi 7 août 2007, par Andy

Cette rentrée scolaire 2007 n’aura pas été épargnée d’un nouveau scandale homophobe à l’égard d’un professeur (on se rappelle l’affaire Garfield). Les profs auraient-ils intérêt à museler leurs fantasmes sur le net, à taire leur homosexualité à l’administration à l’homophobie rampante, à emprunter les habits d’êtres asexués complètement voués à leurs enseignements ?

 Encore une fois, c’est la délation d’une collègue hétérosexuelle qui est à l’origine de la mutation imposée au professeur discriminé. Monsieur X a été en effet muté d’office à la suite de la délation par lettre manuscrite d’une de ses collègues qui a appris par deux élèves en fin d’année qu’il avait un "profil" sur un site gay de rencontre et qu’il avait mis en ligne plusieurs photos dévoilant son identité : visage, nu de dos... Convoqué au rectorat de Rouen à la suite de l’intervention du proviseur, on lui a proposé cette mutation en échange d’une non poursuite disciplinaire qui le menaçait d’une suspension ou d’une démission des ses fonctions d’enseignant.

 L’administration aurait-elle inquiété de la sorte un prof hétérosexuel apparaissant sur un site de rencontre hétérosexuelle ? N’est-ce pas une attaque homophobe d’une administration rétrograde et fort rétive à l’évolution de notre société qui pourtant condamne par la loi toutes discriminations liées aux origines, aux religions, aux orientations sexuelles... sur le lieu de travail ?

 Les lettres de délation qui ont circulé sur internet montrent une pratique de la délation qui inspire un profond dégoût et nous rappellent une autre époque, une autre exclusion, une volonté d’extermination de la personne humaine différente qui doit alarmer tous les éducateurs éclairés que nous sommes. Les informations, le débat, la parole ouverte sur les différences individuelles sont les meilleurs armes éducatives à défendre devant l’obscurantisme et les pratiques délatoires de collègues, et d’autres publics ! A ce titre, nous nous associons au communiqué des centres LGBT et du centre Gay et Lesbien reproduit ci-dessous, que nous vous invitons à imprimer et afficher dans toutes les salles de prof !

 Etre enseignant, c’est souvent une vocation. Puis un enseignant a une personnalité, une vie privée et aussi une orientation sexuelle.

 En France, l’homosexualité est légale et ne doit pas être prétexte à la discrimination. Pourtant, il ne fait pas bon être homosexuel dans l’éducation nationale. Sans pour autant s’afficher, un homosexuel qui ne dissimule pas son orientation sexuelle est taxé de mauvaises mœurs, au mieux il échappe à l’amalgame avec la pédophilie.

 Pourtant, à l’éducation nationale comme ailleurs, chacun crie haut et fort au respect de la vie privée, non à la discrimination, connait les statistiques propres à la pédophilie et sait parfaitement que l’orientation sexuelle n’est pas en cause, la plupart des pédophiles étant hétérosexuels.

 Comment expliquer dans ce cas ce qui vient de se produire au Lycée Le Corbusier à saint Etienne du Rouvray en Seine-Maritime ?

 Lors de la réunion préparatoire de rentrée, le proviseur aurait informé l’assistance que l’un des professeurs de français de l’an dernier, avait quitté l’établissement de son plein gré et que toute rumeur le concernant sera sévèrement réprimandée par l’administration. Dans l’assistance, c’est la consternation, aucun enseignant n’ignore que le professeur de français absent qui n’avait jamais caché son homosexualité, a fait l’objet d’une lettre de dénonciation anonyme de la part d’une collègue de travail qui en appelle à la morale.

 En effet, des élèves sont parvenus à se connecter sur un site Internet de rencontres pour adultes homosexuels, y ont trouvé le profil de leur enseignant, avec une photo nu de dos. Ils ont prévenu d’autres enseignants.

 Ce site Internet n’est pas interdit, il est réservé aux adultes consentants qui doivent créer un compte pour s’identifier. Les parents n’ont pas activé le contrôle parental sur les ordinateurs de leurs enfants, sinon, ils n’auraient jamais pu accéder aux profils des internautes inscrits. Les enfants, leurs parents et les enseignants complices ont attenté à la vie privée du professeur de français en toute impunité, mais pire encore, comme cet enseignant est homosexuel, il fait l’objet d’une sanction pour motif d’immoralité et se retrouve muté dans un autre établissement, soit disant de sa propre initiative. En fait, il a été convoqué au rectorat de Rouen où lui a été proposée une mutation qu’il a acceptée afin d’éviter le risque d’être frappé d’une mesure disciplinaire.

 Si les élèves avaient trouvé un profil de leur enseignant sur un site de rencontres hétérosexuelles que se serait-il passé ? Probablement rien, rigolades, complicités et puis c’est tout.

 La loi interdit la discrimination homophobe sur le lieu de travail, mais dans les faits qu’en est-il ? Combien d’enseignants français sont-ils confrontés à des situations similaires ?

 Le Centre LGBT Paris IDF demande que soient enfin prises les mesures nécessaires pour lutter efficacement contre l’homophobie subie autant par des enseignants que par des élèves dans l’éducation nationale.