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Brochure "KiqueKoi" de l’homosexualité

mercredi 9 août 2000, par phil

 1-Qu’est-ce qu’un homosexuel ? une homosexuelle ?

Ce sont des personnes dont l’orientation amoureuse et sexuelle est exclusivement ou prépondérement tournée vers des fantasmes, des rêves, des désirs et des conduites avec des personnes de même sexe. On les appelle actuellement "gai" pour les hommes (un néologisme venu des Etats-Unis : en anglais "gay") et pour les femmes "lesbienne" ( dont l’éthymologie remonte à l’île grecque de Lesbos : .../... ) L’homosexualité est la sexualité qui s’oppose à l’hétérosexualité ; elle mérite autant de respect et d’égard que la seconde. Seule la morale rétrograde fondée par le tabou et le sentiment religieux dévalorise et stigmatise une orientation où l’amour est aussi épanouissant, satisfaisant et enchanteur que chez son pendant. Un amour favorable à la communauté humaine toute entière, dans la mesure ou socialement accepté, il favorise épanouissement personnel, et bien-être...

 2-Qui est homosexuel ?

Il faut bien admettre qu’il est pratiquement impossible de classer les gens des catégories très nettes comme celles d’homosexuel" et d’"hétérosexuels". Dans les années 1940, le Dr Alfred Kinsey et toute une équipe de chercheurs entreprirent une très vaste enquête sur la sexualité en Amérique du nord avec des questions abordant la sexualité de façon franche, directe et efficace, puisque ces chercheurs purent ainsi établir la fameuse Echelle de Kinsey, aujourd’hui encore fondatrice de tous travaux en sexologie. Si d’autres enquêtes scientifiques la complétèrent, les conclusions du Dr Kinsey demeurent encore largement valables. L’une des principales de ces conclusions fut justement de démontrer qu’on ne peut classer les gens clairement et une fois pour toutes dans des catégories sexuelles rigides. Il utilisa l’image d’une échelle sur laquelle se répartissent les individus : à l’une des extrémités ceux et celles qui sont exclusivement homosexuels ; à l’autre extrémité, ceux et celles qui sont exclusivement hétérosexuels. Et entre ces deux extrémités prendraient place ceux et celles qui sont un peu homosexuels et un peu hétérosexuels, selon des proportions diverses. D’où la graduation suivante :

 0 ---- 1 ------- 2 ------ 3 ------ 4---- 5 ------ 6

 hétérosexualité >>>> bi-sexualité >>>> homosexualité

Cette échelle autorise à penser que nulle personne n’est absolument et définitivement restreint à une seule "catégorie sexuelle". Même ceux se situant aux extrémités : n’importe qui , à un moment ou l’autre de sa vie pouvant réagir sexuellement d’une manière à laquelle il n’est pas habitué. Un,e hétérosexuel,le pouvant avoir une relation avec un,e homosexuel,le et inversement un,e homosexuel,le pouvant avoir une relation avec un,e hétérosexuel,le. Ce schéma pose la bisexualité fondamentale de la personne humaine, déjà évoquée par Freud. Tout être humain porte en lui une composante hétérosexuelle et une composante homosexuelle. Celles-ci s’aménageant diversement d’une personne à l’autre, on ne peut finalement établir des catégories sexuelles étanches et "tranchées au couteau". De plus, s’ajoute à l’acte sexuel, les questions de sensibilité et d’affectivité qui complexifient davantage les choses. Ainsi : " telles personnes n’ont des relations sexuelles qu’avec des gens de l’autre sexe mais n’ont par contre que des amis de leur sexe. Pour d’autres, c’est l’inverse : ils vivent leur sexualité avec des personnes de leur sexe, mais leurs amitiés sont avec des gens de l’autre sexe. Pour d’autres, c’est un mélange, un aménagement encore plus complexe... " C’est pourquoi conviendrait-il mieux de parler au pluriel des hétérosexualités et des homosexualités, sachant bien que qu’ils ne se résument, loin de là, au seul sexuel, mais aussi à des affects, des sensibilités, des sentiments, des créativités particulières. L’idéal serait de balayer tout ce vocabulaire encombrant, ne gardant à l’esprit qu’il existe des femmes et des hommes qui vivent leurs amours de manière complexe et les aménagent de diverses manières. Serait-ce parler d’amour "sans étiquette" ? Oui, mais dans l’idéal, les pratiques homosexuelles et les homosexuels n’étant alors ni stigmatisés, ni discriminés, seulement banalement distincts... La distinction n’étant plus discriminatoire ! Notre société est encore loin d’en être à ce stade de reconnaissance, d’acceptation et de banalisation ; il nous faudra encore vivre un bon moment avec ces catégories malgré leur étroitesse et leur limitation...

 3- Vers une définition satisfaisante de l’homosexualité ?

L’homosexualité ne se résume pas au seul aspect de la sexualité, au coït entre personnes du même sexe. Elle est aussi et parfois pour certaines personnes exclusivement sentiments ou gestes. Le psychiatre américain Judd Marmor suggérait la définition suivante : "peut être considérée comme homosexuelle une personne qui, durant sa vie adulte :
 manifeste une préférence pour des personnes de son propre sexe ;
 est érotiquement (sexuellement) attirée par ces personnes,
 et a habituellement (mais pas nécessairement) des relations sexuelles avec une ou plusieurs de ces personnes". Nous autre préférons plutôt définir la personne homosexuelle comme "tout individu dont l’orientation amoureuse est portée sur une personne adulte du même sexe". Le terme "orientation" nous semble préférable à celui de "préférence" largement répandu dans les pays anglo-saxons et qui pourrait évoquer une notion de choix sexuel qui n’est pas. Nous savons que le désir érotique n’est pas de l’ordre d’un choix entre une glace à la vanille et une glace au chocolat. Il est, un point c’est tout. Il ne résulte pas d’une préférence que l’on pourrait d’ailleurs nous demander poliment de corriger au nom de la bonne morale encore en vigueur. Le terme "amoureuse" semble quant à lui bien englober tous les aspects de l’attirance homosexuelle : plaisir érotique, satisfaction physique, affects et sensibilité, sentiments pour autrui.

 4-Homosexuel, un terme insultant ?

Le terme "homosexuel" est loin d’être neutre. Il est chargé de condamnation morale et de mépris social. C’est un mot lourd de sens qui ne vaut pas encore par exemple "gaucher" La pitié, la colère ou un profond mépris, voire une sournoise moquerie accompagne le "c’est un homosexuel !" ; même si au pays des insultes le terme "pédé" ou "gouine" l’emporte. La difficulté de se dire "homosexuel,le" n’est pas étonnante. Elle accompagne un cheminement parfois douloureux aboutissant au "coming out", c’est-à dire au fait de ne plus cacher son identité, d’être simplement ce que l’on est sans avoir honte justement d’ "en être". Une vieille expression fort désuète. Heureusement, depuis 30 ans, les choses ont évolué. Beaucoup de personnes parlent de l’homosexualité avec calme, serennité et franchise. Le mot "homosexuel" perdant largement de son poids insultant. De plus, nombre d’hommes ou de femmes n’ont plus peur de se dire homosexuels. Il demeure le "pédé" ou le "gouine" qui valent le "bougnoule", le "portos" et autres insultes appliqués à ceux qui sont différents de la majorité visible. (ici doit se développer un important travail pédagogique dès les classes de l’école élémentaire).

 5-Doit-on dire homosexuel, lesbienne, homophile, gai ?

Les femmes homosexuelles préfèrent se désigner comme lesbienne afin d’affirmer des différences d’avec l’homosexualité masculine, refusant comme beaucoup de femme d’être aussi englobée dans un terme collectif au masculin, et surtout pour mieux marquer leur existence souvent fort peu prise au sérieux, dont les hommes sourient, les méprisant un peu moins que leurs homologues masculins. Des hommes considèrent le lesbianisme comme un passage, lorsqu’il n’est pas intégré à leurs fantasmes, dont beaucoup de films pornographiques hétérosexuels en sont le vecteur. Afin de ne pas trop insister sur la dimension sexuelle de leur expérience, certains préfèrent substituer au mot homosexuel celui de homophile. Le suffixe exprimant en grec "aimer" dans un sens plus vaste que la seule acception sexuelle. Cependant le terme homosexuel est largement préférable aux termes populaires méprisants : tapette, pédé, gouine, folle, tante, enculé, etc. Il faut noter (ce qui peut être difficilement compréhensible pour certains jeunes enfants) que "parmi les homosexuels les plus militants aujourd’hui, plusieurs reprennent à leur compte ces termes habituellement méprisants et les revendiquent avec fierté : "vous nous traitez de pédés... Eh bien soit ! Oui, nous sommes pédés, et nous en sommes fiers !" (ce procédé désarme, il faut dire, l’injure en elle même, elle lui ôte sa portée malfaisante) On peut noter que ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’un phénomène du genre se produit. Ainsi, par exemple, le terme "chrétiens" a d’abord été un terme injurieux dont bien des Romains se servaient pour désigner les "disciples du Christ". (Guy Ménard) Le terme "pédéraste" (d’où l’abréviation "pédé") entretient la confusion puisqu’au sens strict il désigne des adultes attirés sexuellement par des adolescents. Il est impropre pour qualifier des amours entre hommes adultes et risquent de provoquer des amalgames, voire disqualifier la réalité "homoamoureuse"... Un autre terme de plus en plus populaire, importé des Etats-Unis, semble convenir à beaucoup : c’est le terme "gai" . Cependant le psychothérapeute Guy Corneau préfère l’utiliser pour désigner les homosexuels masculins vivant bien leur orientation amoureuse, et fréquentant une communauté homosexuelle. Ce mot est moins sexuellement et médicalement connoté. Il suggère une idée positive de l’homosexualité. "Le terme gai est surtout utilisé pour parler des homosexuels qui sont bien dans leur peau, heureux et fiers d’être ce qu’ils sont, et qui ont une idée positive de leur homosexualité"(Guy Ménard).

 6-Qu’est-ce qui détermine l’orientation sexuelle ?

Par définition , parler d’orientation sexuelle n’est pas simple , d’autant que les réponses ne sont pas vraiment. "Parler d’orientation sexuelle, c’est parler de ce qui fait qu’une personne est sexuellement orientée vers les personnes de l’autre sexe ou de même sexe"(Guy Ménard) Nous tenons cependant pour certain que l’orientation sexuelle de quelqu’un n’est pas une question de choix personnel et volontaire. Nul ne se lève un matin en se disant : "tiens, je décide aujourd’hui d’être homosexuel..." La plupart des scientifiques s’entendent pour rejeter toutes les explications fondées sur la physiologie, la génétique, le système hormonal ou glandulaire. Pourtant des théories continuent régulièrement à circuler. Il n’y a pas de prédispositions biologique à être homo. On n’est pas homo comme on est obèse par exemple. Pas plus parce que l’oncle est homosexuel, le devient-on. Aucun facteur héréditaire ne joue. Un physique délicat pour les hommes ou robuste pour les femmes ne sont d’aucune explication. Les contre-exemples existent. Tous les spécialistes s’accordent à dire que l’orientation sexuelle n’est pas fixée à la naissance. Le gène "gay" ou "lesbien" n’existe pas. Pour preuve les bisexuel,le,s : s’il existait , comment en réchapperait-il pour laisser parler aussi leur part hétéro en plus de leur penchant homosexuel. On ne naît donc pas homosexuel,le, on le devient, serions-nous tenté d’ajouter, sans pour autant vouloir paraphraser Simone de Beauvoir...

 7-L’homosexualité est-elle plutôt le résultat d’une détermination psychologique que d’une détermination biologique ?

Jusqu’à ce que des scientifiques prouvent le contraire, l’homosexualité comme l’hétérosexualité trouvent leurs origines dans des aspects psychologiques et culturels. Le prétendu gène gay n’existe pas, existerait-il un gène hétérosexuel, à contrario. Nous savons que la sexualité humaine est une construction éminemment culturelle. Ne la confondons pas avec la notion de reproduction humaine, une question biologique, dont la sexualité peut en être le moyen mais certes pas la finalité. La nature de la reproduction étant par ailleurs mise à mal par les nouvelles techniques scientifiques : fécondation in vitro, expérimentations diverses de reproduction humaine sans coït... La culture, la morale, les tabous influencent les pratiques sexuelles des personnes. La sexualité est une construction personnelle contextualisée.

 8- Faut-il absolument trouver une raison d’être à l’homosexualité ?
Convient-il de justifier l’homosexualité en recherchant à lui attribuer des origines politiquement correctes. L’orientation sexuelle est avant tout une question de désir. Interroge t-on autant les origines de l’hétérosexualité ?
Il faut noter qu’aucune théorie universelle n’a pu être établie, faute justement d’universalité. Il peut nous sembler que les origines de l’homosexualité sont systémiques, fondées dans les multiples interrelations et interactions entre l’enfant, les adultes, son milieu, l’histoire familiale, les mythes familiaux, les fantasmes, les projections, et les identifications...

 9- Mais comment prouver notre intuition ?

Devons-nous d’ailleurs poser la question et partir en quête de raisons ? Et si l’orientation sexuelle ne résultait en définitive que d’un hasard ? est-ce sérieux ? A cet égard, un internaute écrit : l’homosexualité n’est-elle pas une possibilité amoureuse qui n’a pas besoin d’être justifiée dans son origine ? Devoir se justifier, rechercher les causes, privilégier l’origine "culturo-psycho-affective-machin chose"... quand cessra t-on de se poser la question de l’orientation sexuelle, parce que si au moins on se la pose, pourquoi attribuer à l’homosexualité des origines culturelles (même très complexes) alors que du côté de l’hétérosexualité normalisée/normalisante, on ne dit R-I-E-N ; comme si le côté minoritaire de l’homosexualité entraînait nécessairement une anomalie quelque part. Entre les recherches des causes et cette manière stigmatisante d’expliquer, on n’est pas loin de l’homophobie. L’homophobe est celui qui croit en des causes psychologiques/culturelles, qui manipule des raisons pour accuser, pour exclure ou pour contraindre. Pour conclure, disons que l’orientation sexuelle est une construction qui s’articule entre nos désirs intimes, notre identité de genre et notre sexe biologique. C’est une affaire de libido. Vraisemblablement, sommes-nous proches ici d’une réalité qui n’opposerait plus aussi systématiquement homosexualité et hétérosexualité comme deux réalités absolument hétérogènes.

 10-Ne peut-on vraiment pas, à notre époque, expliquer l’homosexualité ?

Notre époque qui veut tout expliquer cherche toujours le pourquoi du comment de l’homosexualité. Seule des observations et des hypothèses sont à notre disposition. Nous savons qu’il existe des conduites homosexuelles au sein du règne animal : chez les vers, les punaises, les oiseaux, les mouches, les chiens, les vaches ou les chimpanzés. Des conduites favorisés par la captivité par exemple, et qui tendrait à prouver que justement la pratique homosexuelle n’a justement rien d’anti-naturel. Ceci dit ces observations font-elles sens en ce qui concerne les humains. Le débat inné/acquis de l’homosexualité, qui fait les bonnes ventes des mois creux de l’été des news-magazines n’a rien conclu.

 11 - Est-ce que certaines personnes auraient des prédispositions biologiques à l’homosexualité ?

Les hypothèses les plus justes sont-elles à rechercher dès lors du côté psycho-social, de la psychanalyse, du culturel ? Il est toujours très tentant de chercher des causes simplistes aux phénomènes dont la profonde intelligibilité nous échappe. Or nombre de questions humaines ne pourront jamais s’expliquer de façon simple comme deux et deux font quatre. "Une infinité de facteurs contribuent à la déterminer : l’influence des parents, des amis, du milieu, des relations, de l’école, de l’éducation, des événements, des lectures, des hasards de la vie, et quoi encore... Sans doute est-il tentant de vouloir mettre le doigt sur LA cause, LA raison qui expliquerait pourquoi quelqu’un est homosexuel. Mais c’est là, justement, une tentation à laquelle il est beaucoup plus sage de résister"(Guy Ménard) Pour conclure, plutôt que de vouloir percer à tout prix un mystère, vraisemblablement vaudrait-il mieux développer une attitude véritablement humaine (sans compassion cependant pour les homosexuels) par rapport aux hommes et aux femmes qui ont (banalement) telle ou telle orientation homo/hétéro-sexuelle... ou bisexuelle. La question la plus importante pour nous est désormais de comprendre l’origine de l’HOMOPHOBIE. Pourquoi cet homme ou cette femme sont-ils homophobes ? Qu’est-ce qui les conduits aux rejets des homosexuels ? Quels sont les mécanismes ? La réponse à ces interrogations offre aux homosexuels de mieux comprendre un contexte agressif dans lequel ils évoluent et qui influent négativement leurs individualités... et parfois les met en réel danger !

 12-Que disent les psychanalystes ? Freud écrivait à la mère d’un jeune homosexuel :

"L’homosexualité n’est évidemment pas un avantage mais il n’y a rien en elle dont on doive avoir honte. Ce n’est ni un vice ni un avilissement, et on ne saurait la qualifier de maladie. Nous la considérons comme une variation de la fonction sexuelle, provoquée par un certain arrêt du développement sexuel". Si il est intéressant d’observer qu’au siècle dernier Freud ne condamnait pas l’homosexualité, et que paradoxalement il a fallu attendre les années 1980 pour que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) raie l’homosexualité de sa liste des maladies mentales ; la notion freudienne d’arrêt du développement sexuel pour l’individu homosexuel demeure un concept fort DISCUTABLE. Les positions de certains thérapeutes paraissent désuètes, voire alarmantes lorsqu’elles peuvent servir de terreau à des publications homophobes. On a, jadis, vulgarisé l’idée que le déséquilibre fréquemment observé dans les familles d’homosexuels entre l’image du père et celle de la mère (un père : lointain,faible, distant, froid, menaçant et une mère:forte, dominante, possessive et très affectueuse) façonnait l’homosexualité. Or, que dire lorsqu’il en est absolument rien, et que les enfants sont homosexuels. Ces thérapeutes fondèrent vraisemblablement leur théorie sur un échantillon de personnes homosexuelles en butte à des difficultés personnelles et psychologiques et dont l’histoire de vie et le roman familial pouvait amener à certaines interprétations qui n’ont qu’une valeur hypothétique et nulle universalité scientifique. De nos jours, les "psys" ont adopté une attitude plus ouverte et plus rigoureuse devant l’homosexualité. Un bon nombre sont conscients qu’ils doivent traiter chez leurs patients homosexuels les conflits intérieurs liés à une homophobie destructrice au sein de famille, de son environnement social et que l’on intériorise également...

 13-Une fixation, vraiment ?

Selon la théorie freudienne, l’homosexalité serait l’un des stades du développement de tout être humain. L’enfance et adolescence à la sexualité imprécise et centrée sur soi passant par une phase d’homosexualité aboutirait à l’hétérosexualité. En ce sens , les homosexuels seraient des gens fixés, arrêtés à l’une des étapes, pas rendus jusqu’au bout du développement "normal" de tout être humain. Pour Freud et la théorie psychanalytique classique, il ne s’agissait pas tant de connaître la cause de l’homosexualité que de démontrer que les hommes doivent renoncer à cette homosexualité, dans le sens d’une opération inconsciente (non pas au sens moral et volontariste) pour que la vie sociale et la civilisation soient possibles. Étant posé que pour Freud que l’homosexualité est une donnée de base de l’humain, un facteur universel et originel. De nos jours, de nombreux thérapeutes mettent en doute cette notion freudienne du "renoncement homosexuel" devant rendre possible la vie sociale. Ne modélise t-elle pas un style de société au détriment d’un autre tout aussi viable qui autoriserait l’expression d’une l’homosexualité non inconsciemment maîtrisée. Notre société moderne actuelle montre que les lois de libéralisation à l’égard des homosexuels n’ont pas joué sur le fonctionnement social d’effets négatifs, ni provoquer une chute d’une natalité essentielle au renouvellement du pays, d’autant lorsque se libère les désirs parentaux des gays et des lesbiennes avec la nouvelle ampleur prise par les familles homoparentales.

 14-Et les psychologues ?

Ils distinguent (cliniquement) ce qui est tendance homosexuelle, conduite homosexuelle et structure homosexuelle de la personnalité. Ces derniers seraient exclusivement homosexuels. Ils peuvent vivre en couple de personne de même sexe ou être célibataire, par choix ou non. Les seconds vivraient des relations homosexuelles épisodiques ou circonstancielles (ce qui correspond à la bisexualité). Les premiers subliment leur attirance pour le même sexe par une amitié profonde, le partage de passions et activités communes (par exemple en sport) sans pour autant quelques satisfactions physiques.

 15-Existe t-il plusieurs formes d’expression de l’homosexualité ?

Les formes d’expression de l’homosexualité sont diverses. Elles peuvent être le fruit de circonstances accidentelles ou passagères ou bien s’inscrire dans le désir érotique et sexuel de la personne. Il est ainsi commun de reconnaître que dans certaines collectivités où les relations hétérosexuelles sont rendues impossibles ( marine, armée, séminaires, internats, prisons, etc) des pratiques homosexuelles se développeront de façon "intérimaire". Lesquelles s’estomperont lorsque les circonstances auront changé. D’autres relations homosexuelles sont associées à des conduites hétérosexuelles : une ambivalence sexuelle permettant au/à la jeune de se "trouver", ou aboutissant à une pratique bisexuelle régulière. D’autres relations sexuelles seront prépondérantes, ou exclusivement homosexuelles. Ce point rejoint la notion d’échelle de Kinsey. A noter aussi , le cas d’homosexuels qui ont de temps de temps de relations hétérosexuelles. Il n’existe pas de cadre définitif en la matière. Le désir est tout, sauf "un long fleuve tranquille"...

 16-Combien y a t-il d’homosexuels et de lesbiennes ?

Notre époque est celle des statistiques, des chiffres et des sondages. Nul doute que d’aucuns souhaiteraient des données chiffrées exactes. Mais dans quel but ? Il n’existe pas heureusement de recensement des femmes et des hommes homosexuels mené par des agents recenseurs de l’INSEE. Il serait bien difficile de chiffrer en tout état de cause les homosexuel,le,s au regard de l’échelle du Dr Kinsey sur les comportements sexuels. Les chiffres de l’enquête Kinsey demeurent cependant pertinents, même s’ils sont forcément approximatifs. Selon Kinsey et son équipe de recherche, 13% des hommes et 7% des femmes aux Etats-Unis seraient à "dominante homosexuelle", c’es-à-dire se situeraient entre les degrés 4 et 6 sur l’échelle de référence. Nous aurions ainsi en gros une moyenne d’environ 10% de la population totale avec un peu plus de gais que de lesbiennes. D’autres spécialistes ont diminué ce pourcentage jusqu’à 4,5 ou 7%, d’autres chercheurs l’ont majoré en allant jusqu’à 12% voire 15%. Beaucoup s’entendent sur le "10% d’homosexuels et de lesbiennes" comme évaluation réaliste. Concrètement, cela voudrait dire qu’il existe en France près de 6 millions d’homosexuels et de lesbiennes, plus d’ 1 million en Belgique, plus de 700 000 au Québec et en Suisse, et plus de 20- 25 millions aux Etats-Unis. Il faut cependant reconnaître que ces chiffres s’appliquent dans des sociétés aux systèmes culturels proches comme les états précités. Les sociétés du bassin méditerranéen présentent un autre contexte culturel dans lequel ce chiffrage ne saurait être pertinent. Quant à la répartition de la population homosexuelle, elle est très inégale. Elle est concentrée dans les grandes agglomérations, notamment à cause de leur anonymat et de leur climat de plus grande permissivité qui attirent les gais et les lesbiennes. La population homosexuelle est alors supérieure à 10% en drainant des homosexuels originaires de petites villes ou de milieux ruraux. Une plus récente étude, le rapport Spira sur les comportements sexuels des français chiffre à environ 5% le nombre de gays et de lesbiennes. Prenons donc une moyenne entre cinq et dix pour cent.

 17-Y a-til plus d’homosexuel(le)s aujourd’hui que jadis ?

Nous ne possédons aucune étude sérieuse pour répondre à cette question. Nous savons cependant avec certitude que l’homosexualité, les pratiques homosexuelles ont toujours existé sous toutes les latitudes, à des époques différentes et souvent encadrés par des codes sociaux particuliers. S’ils semble de nos jours plus nombreux, l’explication est à trouver dans une visibilité accrue des gays et des lesbiennes dans les grandes cités, dans certains quartiers qu’ils préfèrent fréquenter, dans des manifestations de revendication et de visibilité qu’ils organisent. Il a toujours existé des André Labarrère, des Bertrand Denanoé, des Amélie Mauresmo, la nouveauté est de le dire sur la place publique, de ne plus en avoir honte ! Depuis trente ans, les homosexuels sont sortis de leur clandestinité pour apparaître dans la sphère publique, ce qui laisse accroire faussement qu’ils sont plus nombreux que jadis... Dix ou cinq pour cent, c’est une minorité ? Oui, mais numériquement importante. Une minorité importante qui n’a pourtant jamais bénéficié de tous les droits reconnus à d’autres minorités, lesquelles étaient numériquement moins importantes... Question de tabou social ! S’effritera t-il assez vite pour que les choses évoluent ? Il semble qu’une certaine voie est tracée en France depuis 1981, mais on avance fort lentement...

 18-Reconnaît-on les homosexuels ?

Cette question renvoie à tous les clichés faciles et stéréotypes qui font mal aux homosexuels. Ainsi qu’au vieux dicton selon lequel "il faut en être pour se reconnaître". L’idée selon laquelle tous les homosexuels et toutes les lesbiennes se ressemblent est absolument sans fondement. Pour faire taire ces mythes, il faut savoir qu’il est "habituellement impossible de savoir si quelqu’un est homosexuel ou non en se fiant uniquement à son apparence ou à ses comportements extérieurs" (Guy Ménard). Certains films entretiennent volontiers des stéréotypes, c’est-à-dire des façons d’être, de paraître, de se comporter que la réalité dément rapidement. Tout homosexuel qui le désire peut passer inaperçu, rien ne le/la désigne comme tel. Rien, par exemple, ne ressemble plus à un banquier/boucher/ingénieur/conducteur de travaux/ instituteur homosexuel... qu’un banquier/boucher/ingénieur/conducteur de travaux/instituteur hétérosexuel... et cela est bien sûr tout autant valable pour les femmes homosexuelles... Les gais et les lesbiennes ressemblent donc à tout le monde. Et il est important de ne pas se laisser aller à des images et clichés faciles qui correspondent rarement à la réalité. Ils ressemblent : "à votre courtier d’assurance, à votre caissière, à votre patron, à votre coiffeuse, à votre plombier, à votre fille, à votre professeur, à votre compagne de classe ou de travail, à votre partenaire de tennis, à votre voisin, au policier qui fait la circulation au coin de la rue, à votre médecin... Certaines super-stars d’Hollywood qui font tourner la tête aux hommes sont des lesbiennes. Bien des sportifs professionnels, modèles de "virilité masculine" sont homosexuels. Il y a des hommes hétérosexuels, mariés, pères de famille, qui ont l’air fragiles, délicats et même efféminés. Il y a des femmes hétérosexuelles mariées et mères de famille qui ont des carrures de déménageurs". (Guy Ménard).

 19-Question de genre, masculin, féminin ?

Ne traite t-on pas les homos d’efféminés, ou de camionneuse ? Cela dit tous les hommes pouvant avoir l’air efféminé (qu’ils soient homosexuels ou non) et toutes les femmes pouvant avoir l’air viriles ( qu’elles soient lesbiennes ou non) méritent autant d’égard, de respect que les autres. Ils doivent être traités comme des êtres à part entière et ne pas être marginalisés à cause de leur apparence. Il se pose ici la question de l’identité de genre. Il n’existe pas de frontière stricte, inébranlable, hermétique entre le genre masculin et féminin. Le genre est une construction culturelle, contrairement à l’identité sexuée : fille/garçon... Des chercheurs d’études gays et lesbiennes, un mouvement intitulé le "mouvement queer" interrogent ces questions de genre. Ils participent à la déconstruction des stéréotypes, des représentations toutes faites qui fondent les préjugés et les tabous sociaux... Ces stéréotypes peuvent influencer néfastement les individus, et particulièrement les homosexuels qui pensent, faute d’autre choix, devoir se comporter selon l’image attendu d’eux et véhiculé par les médias. D’autres souffrent de ces caricatures et sont plongés dans l’entre- deux. D’autres rejettent en bloc l’ensemble. Et une nouvelle fracture peut s’opérer entre homosexuels aux idées et comportements différents. La société "contrôle" les rôles, les comportements, les affects masculins, féminins mais aussi la manière d’être des homosexuel(le)s. Même si cela est sans fondement, nul n’échappe à cette reproduction des vieux schémas classiques établis encore largement véhiculés par le système scolaire...

Beaucoup de stéréotypes et de préjugés prennent corps dans les confusions suivantes : homosexualité= inversion ; homosexualité=travestis ; homosexualité=vouloir changer de sexe (autrement dit "transgenre"). Selon des théories qui appellent cela l’inversion, il apparaîtrait que des hommes attirés par d’autres hommes ne peuvent nécessairement être que "comme des femmes" et adopter leurs manières, gestes et attitudes. Et inversement que les lesbiennes se prennent pour des hommes. Une confusion qui tient aux aux grands préjugés culturel opposant le masculin (viril, froid, distant, dur, agressif, actif, peu démonstratif, négligé...) au féminin (affectueux, séduisant, doux, communicatif, sentimental, intuitif, coquet, peu rationnel...) Une vision binaire du monde des plus réductrices et fausse, qui sert malheusement encore de base à l’éducation des petits garçons et des petites filles. Faut-il encore que tout homme et toute femme épouse encore les rôles et fonctions que la société assigne à chaque sexe ? La tendance est au net changement. Beaucoup de personnes réfutent ces schémas et ne s’y plient plus, indépendamment de leur orientation sexuelle. Ils revendiquent le choix d’adopter des comportements "réservés à l’autre sexe"... ce qui dès lors défait la notion d’inversion. (Tout cela ne correspondant nullement au fait homosexuel "pur".)

  20-Et les travestis ? et les transexuels ?

Tous les travestis ne sont pas homosexuels, et tous les homosexuels ne sont pas travestis. Les stéréotypes font facilement confondre homosexualité et travestissement. Cette confusion s’accorde bien avec le préjugé qui veut que l’homosexuel se comporte comme une femme, adoptant toutes les gestes, attitudes, pensées féminines... et l’habillement. Il y a certes des homosexuels qui aiment se travestir pour rire ou par nécessité pour certains. Mais, selon certains chercheurs, il semble que la majorité des travestis sont plutôt hétérosexuels... Les gays et les lesbiennes sont, pour la plupart, des hommes qui sont bien dans leur peau d’hommes et s’habillent comme des hommes et des femmes qui sont bien dans leur corps de femme et s’habillent comme les femmes s’habillent en général. Et si on voit certains hommes s’habiller avec des couleurs plus voyantes et des femmes avec des salopettes par exemple, c’est moins la preuve d’une homosexualité supposée qu’un signe que la mode évolue et les stéréotypes sexistes aussi. La femme ne devant plus se vêtir en une femme qui plait au regard de l’homme, mais bien comme elle l’entend. L’homme n’étant plus autant fixé à une rigidité, une austérité valant sa virilité, le réassurant dans sa mâle domination... La transsexualité n’a de rapport avec l’homosexualité que dans l’exclusion sociale. Un transgenre ou transsexuel est une personne dont l’identité biologique, sexuée ne correspond pas avec l’identité de genre, masculin ou féminin, qu’elle a d’elle-même. On peut schématiquement dire que l’enveloppe corporelle de la personne ne correspond nullement à l’esprit. Une intervention chirurgicale est souvent pour ces personnes le meilleur moyen d’aligner leur sexe physiologique sur ce qu’elles perçoivent comme leur sexe psychologique.