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Programme canadien du GRIS

mercredi 7 août 2002, par Andy

L’homosexualité en milieu scolaire reste toujours un sujet tabou. pourtant, c’est le lieu idéal pour éduquer les jeunes générations à se méfier des préjugés. C’est aussi le lieu ou beaucoup de lesbiennes et de gais ont découvert leur différence et dans l’isolement le plus total. Avec la famille, l’école peut être le deuxième lieu où les gais et lesbiennes en devenir sont l’objet du moins d’empathie, Si ce n’est du plus d’hostilité.

 A des âges où la tendance est de se conformer au groupe majoritaire, cette découverte de sa marginalité se fait le plus souvent dans la souffrance et dans l’indifférence des pairs. A l’heure où de plus en plus d’études montrent la corrélation qu’il pourrait y avoir entre la mauvaise acceptation de l’orientation sexuelle différente chez les jeunes et le décrochage scolaire, voire le suicide pour certains ou certaines, il devient criminel de voir que les commissions scolaires et les Cégeps se réfugient derrière de fausses raisons - la peur des comités de parents, entre autres -pour refuser une véritable éducation et démystification de l’homosexualité. Pourtant, des organismes essaient de briser un des derniers remparts d’homophobie institutionnelle avec beaucoup de persévérance, ils taillent des ouvertures avec l’aide d’enseignants moins peureux de l’administration ou des parents.

 Ils sont une quarantaine d’étudiants - dont quatre gars du Cégep Edouard-Montpetit a être prêts a poser leurs questions à trois intervenants du Groupe de recherche d’information sociale gaie et lesbienne ( le GRIS ). Le cadre de cette rencontre avec des gais et des lesbiennes s’inscrit dans le cours obligatoire de sexologie. La partie théorique ayant été abordée précédemment par l’enseignante, on passe à une partie plus pratique en parlant directement a des gais et des lesbiennes. Qu’est-ce qui vous attire plus chez un homme ? Est-ce que ça se voit, l’homosexualité ? Comment reconnaît-on un gai ou une lesbienne ? qui fait l’homme, qui fait la femme dans un couple de même sexe ? Bref ,des questions de base sur une conception encore stéréotypée des comportements. Devant ces questions qui feraient bondir plus d’un gai ou d’une lesbienne, l’attitude éminemment décontractées des intervenants. Nathalie et Frédéric n’en sont pas a leur première salle de classe. Quant à Joseph, nouvellement intégré à l’équipe, il essuie son baptême du feu. Ils ne sont pas là pour dispenser un cours, ni théoriser sur la discrimination ou sur le fait gai. Non, ils avancent seulement leur expérience. Comment ils ont découvert leur homosexualité, comment ils ont commencé à la vivre, comment ils ont dû négocier leur sortie du placard avec leur entourage familial, scolaire, professionnel, avec leurs ami(e)s. Sans honte, sans faux fuyant, ils se prêtent à l’exploration de le intimité. Ils sont prêts même parler de leurs pratiques sexuelles si le besoin s’en manifeste par une question des étudiant(e)s. Et le tout avec humour, ce qui ne gâte rien. Plus l’atmosphère se détend dans la salle, plus les questions tournent autour du sexe. D’une part parce qu’on transgresse une zone encore tabou pour beaucoup, d’autre part parce que rares sont les hétérosexuels qui racontent la façon dont ils baisent en face d’un groupe d’étudiant(e)s.

 Pour la professeure, si l’évolution ne se fait pas sentir par les questions posées par les élèves, elle note que ceux-ci n’adhèrent plus aux clichés sur les gais et les lesbiennes comme dans les années précédentes. Pour elle, les étudiant(e)s veulent vérifier comment les premiers intéressés, les gais et les lesbiennes, répondent à ces clichés. Cependant, on ne peut que constater combien l’information qui touche à la sexualité en général reste faible, aussi bien au niveau de la famille que de l’école. Toujours selon cette professeure, les jeunes sont tout aussi démunis devant l’apparition de leur propre sexualité - toute orientation confondue- que l’étaient les jeunes des générations précédentes. Le fait que les journaux tiennent des chroniques sur la sexualité, que de nombreuses émissions de télévision aient choisi d’en parler n’a qu’une faible incidence sur la mauvaise connaissance de leur sexualité par les jeunes.

 En fait, le grand changement vient de l’apparition dans leur environnement des gais ou des lesbiennes. Ils ont tous un oncle, une tante, un ami, une voisine qui ne cache pas son orientation sexuelle. Ils en côtoient dans leur entourage, même s’il apparaît qu’ils n’en ont jamais discuté avec ces connaissances. Le gai et la lesbienne ne vivent plus sur une autre planète ou dans un ghetto pour le commun des hétérosexuels. En revanche, les stéréotypes conservent une vie qui perdure sur l’information, et ces rencontres avec des gais et des lesbiennes ne peuvent être que bénéfiques.

 Pour les intervenants du GRIS, ces rencontres avec les jeunes leur sont devenues familières Ils savent d’avance qu’ils ne feront pas changer les mentalités de tous et toutes, mais ils auront au moins eu la pertinence d’assouvir et de montrer que la vie des gais et des lesbiennes n’est peut-être pas si éloignée de celle des hétérosexuels. Depuis neuf ans, le GRIS a mis sur pied des petites équipes qui sont invitées à prendre la parole dans des organismes de jeunes, des institutions scolaires. Depuis 97, le GRIS a étendu son rayonnement à travers l’ensemble du québec en créant des organismes dans plusieurs régions. Leur mandat est très simple et d’autant plus efficace les intervenants, après avoir fait une présentation de l’organisme, répondent aux questions et ce, uniquement à partir de leur vécu. Pas de volonté d’imposer une vision de l’homosexualité, mais bien au contraire de laisser paraître la diversité à travers les différentes histoires de vie.

 Le GRIS de Montréal est un organisme sans but lucratif, il a pour objectif de favoriser une vision positive des individus face à l’homosexualité pour assurer une intégration harmonieuse des gais et lesbiennes dans la société. Le GRIS est né en l988, du comité d’intervention sociale de l’organisme Jeunesse Lambda, alors que des professeurs voulant aborder le sujet de l’homosexualité dans leurs classes, invitèrent quelques jeunes gais et lesbiennes à rencontrer des jeunes d’âge secondaire et témoigner de leur vécu. Par la suite, ils furent invités à de nombreux colloques et congrès et furent au centre des efforts de rapprochement entre les policiers de la S.P. C.U.M. et la communauté gaie et lesbienne de Montréal.

 En 1994, fort de six années d’expertises de démystification de l’homosexualité, le groupe complétait son intervention par l’ajout des services de recherche et de relation d’aide et devenait un groupe incorporé en vertu de la partie IIIi de la Loi sur les compagnies. L’organisme comprend actuellement une cinquantaine de membres et un conseil d’administration de sept élus représentant l’assemblée des membres.

 Les objectifs :

 A) Démystifier l’homosexualité auprès de la société en général :
 défaire des mythes ;
 défaire des préjugés et des stéréotypes ; sensibiliser aux réalités homosexuelles ;
 dégager les visions positives de la communauté gaie et lesbienne.

 B) Faire de la recherche sur l’homosexualité :
 développer des outils en démystification ;
 évaluer l’impact des interventions au niveau social ;
 dresser des statistiques en fonction du groupe d’âge, du temps et de l’environnement social des individus ;
 documenter.

 C) Offrir un soutien aux gais et lesbiennes qui en font la demande :
 accueillir et aider les personnes homosexuelles en processus de sortie ; référer aux diverses -ressources de la communauté gaie et lesbienne ;
 supporter l’épanouissement des individus au sein de la communauté gaie et lesbienne.

 Les services et les activités :
 A) Les interventions de démystification sont réalisées dans les écoles, les collèges, les universités, les maisons de jeunes, les centres de femmes, les établissements du réseau de la santé et des services sociaux et les organismes communautaires, sur invitation des responsables des établissements, des enseignants et des animateurs de groupes. Les activités sont réalisées par les membres du G.R.I.S. qui ont une formation complète sur les interventions en démystification, dont un volet sur la prévention du VIH(SIDA) et autres MTS. ainsi qu’un autre volet sur la réalité des jeunes et des femmes.

 Depuis janvier 1997, l’organisme est intervenu dans plus d’une trentaine de classes au niveau secondaire et collégial et a rencontré plus de 200 personnes auprès desquelles, l’homosexualité a été expliquée mais surtout démystifiée. Le G.RI.S. a su répondre aux besoins des jeunes et des éducateurs ; plusieurs jeunes ont profité de ces interventions pour initier leur processus de sortie concernant leur homosexualité et nombreux intervenants sociaux considèrent que leur ouverture et leur sensibilité à ces diverses situations ont changé considérablement.

 L’équipe de démystification offre également des stages d’immersion dans la communauté gaie et lesbienne aux intervenants qui en font la demande, qui ont une pratique professionnelle auprès de la communauté et qui souhaite la mieux connaître.

 B) L’équipe de recherche compile les données recueillies lors des interventions de démystification, par un questionnaire complété par les participants de l’activité, afin d’analyser les modifications de perception face à l’homosexualité. L’équipe réalise également plusieurs études, lectures et recherches sur l’intervention en démystification et elle a produit des documents étoffés sur le sujet, dont entre autres :
 Mémoire à la Commission des États généraux sur l’éducation.-septembre 1995 ;
 Mémoire à la Commission parlementaire des institutions relativement au projet de loi 133
 Loi modifiant la Charte des droits et libertés de la personne et d’autres dispositions législatives.-février 1996.
 Évaluation quantitative de la population homosexuelle au Québec.-juin 1996.
 Les études et les documents produits par l’équipe de recherche sont disponibles pour toutes les personnes voulant en faire un usage jugé utile et non contradictoire au bien-être de la communauté homosexuelle.