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Le Secret de Brokeback Mountain

dimanche 7 août 2011, par phil

Le Secret de Brokeback Mountain en France ou Souvenirs de Brokeback Mountain au Canada (Brokeback Mountain) est un film américain dramatique réalisé par Ang Lee, sorti en 2005.
Ce film « risquait fort d’être contesté » lors du 62e festival du film à Venise où il a été présenté pour la première fois dans la grande salle du Lido le jeudi 4 septembre 2005. « Mais c’est un surprenant tonnerre d’applaudissements qui a conclu la projection de ce qu’il faut bien appeler le premier western homosexuel épique et hollywoodien » (Libération, 5/09/2005)

 Synopsis :

Adapté d’une nouvelle d’Annie Proulx, prix Pulitzer[1], le film raconte la passion secrète vécue pendant vingt ans par deux hommes, Ennis del Mar et Jack Twist qui « avaient grandi dans deux misérables petits ranchs aux deux extrémités de l’État du Wyoming ». (...) Ces deux cow-boys se rencontrent au printemps 1963, employés par le Farm and Ranch Employment, l’un comme berger, l’autre comme responsable de camp, assignés au même élevage de moutons au nord de Signal, dans un alpage situé sur la Brokeback Mountain[2], « ils n’avaient pas vingt ans ». Malgré cette intense première rencontre, suivie par une seconde seulement quatre ans après, ils font leur vie chacun de leur côté, se marient, ont des enfants, et se rencontrent épisodiquement entre le Wyoming et le Texas avant que Jack Twist ne soit tué dans des circonstances douteuses, laissant Ennis seul avec ses souvenirs.

 Commentaire et critique :

La difficulté d’être homosexuel, que ce soit vis-à-vis de soi-même ou vis-à-vis de la société, est au cœur de ce film qui emprunte au genre western tout en s’en démarquant. « Brokeback est une grande histoire d’amour épique qui représente le rêve d’une complicité totale et honnête avec une autre personne », résume son auteur Ang Lee.

 Une réplique de la nouvelle d’Annie Proulx a particulièrement marqué le réalisateur ("Tout ce que nous avons, c’est Brokeback Mountain"). « C’est-à-dire un endroit hors du temps, hors du monde, où, en toute innocence, ils se sont aimés, où ils ont cru pouvoir s’aimer. […] C’est ce qui m’intéressait : faire un film sur l’illusion de l’amour. Pas sur le véritable amour. On ne sait pas ce que c’est. ». « Il y a une certaine beauté dans l’état d’attente amoureuse. L’amour est comme la montagne du film. Il faut grimper, encore et encore, pour l’atteindre. C’est une question existentielle. À quoi reconnaît-on l’amour ? Et que sommes-nous prêts à faire pour le garder ? » (Ang Lee, fin 2005).

 Télérama remarque que « s’il manque parfois à la réalisation, le génie spécial d’un… Wong Kar-wai pour dire le lent et vain écoulement de l’énergie vitale loin de l’être aimé, deux personnages bouleversants s’incarnent bel et bien. […] Comme s’il n’y avait qu’un seul instant d’éternité dans toute une vie et, ensuite, des décennies vouées, en solitaire ou à deux, au culte de cet instant. » (Télérama n° 2923, Louis Guichard). Le Monde, quant à lui souligne que « c’est dans cette universalité que l’on trouvera une éventuelle portée sociale et politique à ce qui est d’abord un beau film, grave et déchirant. » (Le Monde, 18 janvier 2006, Thomas Sotinel, « À l’Ouest, un amour impossible »).

 Deux principales voix dissonantes, dans un concert quasi unanime de louanges qui vont de l’Humanité au Figaro. Les Cahiers du cinéma, tout en reconnaissant au cinéaste Ang Lee d’être « décidément aussi passionnant qu’inégal », regrettent que le film « bloque toute effusion et condamne au surplace de la belle image, hormis quelques forts passages de montagne et le court éblouissement d’un soir de fête foraine » (n° 608, janvier 2006). La revue française de critique de cinéma Positif (n° 539, janvier 2006) est encore plus sévère en considérant qu’Ang Lee a tiré de la nouvelle « un film académique et longuet qui collectionne les cartes postales. […] L’ensemble sombre assez vite dans le mélodrame lourdaud où tout est surligné et dans la guimauve ».

 Ce film « risquait fort d’être contesté » lors du 62e festival du film à Venise où il a été présenté pour la première fois dans la grande salle du Lido le jeudi 4 septembre 2005. « Mais c’est un surprenant tonnerre d’applaudissements qui a conclu la projection de ce qu’il faut bien appeler le premier western homosexuel épique et hollywoodien » (Libération, 5/09/2005) et le film a remporté le Lion d’or, « après avoir été un des pics d’émotion du festival ».

« Spécialisé dans ce registre de la vie gay en milieu hétéro (Garçon d’honneur), l’Américain Ang Lee récidive avec la mise en images grandioses de l’un des plus tenaces fantasmes homo : le western pédé, l’amour entre cow-boys (en l’espèce, on pourrait dire « co-boys »), sur fond de paysages magnifiques, de feux de camp et de baignades nues dans les rivières édéniques du Wyoming. De ce motif, on connaissait déjà la version avant-garde mutique d’Andy Warhol (Lonesome Cow-boys), d’innombrables versions pornos ou même le point de vue lesbien développé par Gus Van Sant dans Even Cow-girls Get the Blues. Mais il manquait la version hollywoodienne et grand-public, panoramique et classique, qu’Ang Lee vient de signer avec une belle audace, après le succès mondial de Tigre et Dragon. Le plus réussi dans cette passion déployée sur plus de vingt ans entre deux très beaux cow-boys hétéros et mariés (Heath Ledger et Jake Gyllenhaal : on prend les deux), c’est justement que leur amour ne s’explique pas : il s’impose, et d’abord à eux-mêmes » (Libération).

Drôle de mélange entre les conventions du western canonique, pratiquement toutes respectées, et l’incongruité d’un thème à la fois sentimental et viril, Brokeback Mountain, qui peine peut-être un peu à s’installer dans ses premières séquences, atteint de vrais pics d’émotion dans sa seconde partie, plus âpre et finalement tragique. Ce n’est sans doute pas du John Ford ou du Nicholas Ray, mais c’est un bel hommage au genre western et à ses maîtres.

Brokeback....un amour interdit by justane

 LE PITCH : Jack (Gyllenhaal) et Ennis (Ledger) se rencontrent au cours de l’été 1963 sur le mont Brokeback, où ils sont employés comme bergers. Rapidement, les deux hommes se rapprochent et vivent une idylle, loin de l’Amérique conformiste de l’époque. Pendant vingt ans, les deux amants se retrouvent par intermittence, jusqu’au moment où la situation leur devient insupportable. Ils se voient une dernière fois sur le mont Brokeback...

 QUELQUES DIALOGUES :

 ENNIS [très énervé, il hurle] : Je vais te dire une seule chose, Jack « le sale » Twist, et je ne blague pas. Toutes les choses que j’ignore pourraient causer ta mort si jamais je les apprenais. Je ne blague pas !
 JACK : Hé bien en voilà une, et je ne le dirai qu’une fois !
 ENNIS : Vas-y !
 JACK : On aurait pu avoir une belle vie ensemble ! Un ranch à nous ! Mais tu n’en voulais pas, Ennis ! Alors, ce qu’on a maintenant, c’est le mont Brokeback ! Tout part d’ici, c’est tout ce qu’on a. J’espère que tu sais au moins ça, si tu n’en sais jamais plus... Compte les fois où on a été ensemble, en près de vingt ans. Mesure la laisse que tu m’as passée autour du cou, et seulement après, tu me parles du Mexique et tu me dis que tu me tueras parce que j’ai besoin d’une chose que je n’ai presque plus ! Tu n’as aucune idée à quel point tu me manques ! Je ne suis pas comme toi. Je ne peux pas me contenter de quelques baises en montagne, une ou deux fois par an ! Tu es trop pour moi, Ennis. Enfant de chienne de fils de pute ! J’aimerais savoir comment te laisser...
 ENNIS [les larmes lui montent aux yeux] : Alors pourquoi tu ne le fais pas ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? C’est à cause de toi que je suis comme ça ! Je ne suis nulle part, je ne suis nulle part !
 JACK [il s’approche d’Ennis et veut le prendre dans ses bras] : Ça va...
 ENNIS [rejetant Jack violemment] : Lâche-moi !
 JACK [il prend Ennis de force dans ses bras] : Ça va aller, ça va aller... [ilcraque]\/a chier, Ennis...
 ENNIS [s’effondre dans les bras de Jack] : Je ne peux pas vivre comme ça, Jack, "