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Vers une normalisation de l’homosexualité

mercredi 12 avril 2000, par phil

L’homosexualité est une pratique qui, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, a officiellement quitté le domaine de la déviance pour se retrouver dans celui des comportements simplement qualifiés de « différents ».

 A l’échelle du monde, les pays où l’homosexualité est illégale sont devenus minoritaires (74 sur 202). En 1974, l’autorité psychiatrique la plus réputée dans le monde, l’APA, a renoncé à qualifier l’homosexualité de trouble psychiatrique et a inscrit ce changement de statut dans le DSM-III, le manuel international de référence publié en 1980. Récemment, le traité d’Amsterdam est venu en 1997 compléter la Déclaration universelle des droits de l’homme et stipule que nul ne devait être victime de discrimination en raison de son orientation sexuelle. Théoriquement, tous les pays de la Communauté européenne devraient faire appliquer cette règle. Pourtant, le délit d’homosexualité n’a disparu du Code pénal français qu’en 1986.

 L’opinion, quant à elle, évolue dans le même sens : selon un sondage Agoramétrie, l’opinion française est devenue majoritairement tolérante envers l’homosexualité (58 % répondent qu’il s’agit de gens comme les autres en 1990), et la part de jugement sévère régresse (de 46 % en 1981 à 38 % en 1990). Un Français sur quatre seulement déclare que l’homosexualité est une maladie ou une perversion (Sofres, 1997) et qu’il ne voudrait pas avoir des homosexuels pour voisins. Même si de son côté l’Eglise catholique reste hostile à toute reconnaissance, la société française s’est mise à l’unisson d’autres pays plus tolérants. Elle a accueilli sans hostilité la sortie au grand jour des mouvements gays et lesbiens, avec l’apparition de manifestations comme la gay pride en 1995, ou encore les campagnes d’action pour la lutte contre le sida de mouvements comme Act up. Enfin, l’adoption récente d’un projet de loi sur l’institution d’un pacte civil ouvert aux personnes de même sexe laisse présager une normalisation de plus en plus grande de l’homosexualité comme mode de vie."

 A ce stade de l’article, nous serions tenté de le récrire en ajoutant ceci : "La question de l’homosexualité ne pourra plus dès lors échapper aux programmes et manuels scolaires. Ce qui amènera inévitablement certains départements d’université en pointe de la recherche en sciences humaines à développer des recherches et des cursus sur les questions homosexuelles et bisexuelles, à l’instar des gay et queer studies américaines..."

 A lire : Colin Spencer, Histoire de l’homosexualité, Pocket, 1998


Article paru dans la revue "SCIENCES HUMAINES" N’ 99 - NOVEMBRE 1999