Accueil > AMPHI ALTER > Histoire : il était une fois Stonewall

Histoire : il était une fois Stonewall

vendredi 25 novembre 2005, par phil

 Le soir du 28 Juin 1969, des homosexuels new-yorkais se révoltèrent contre les descentes de police répétées dans les bars de rencontre de Christopher Street. A la fin des années soixante, au Greenwich Willage, la libération sexuelle avait fait de la bisexualité une mode et la culture underground avait intégré l’homosexualité. La veille, le 27 Juin 1969, une égérie gay disparaissait “over the Rainbow”.
 Les funérailles de Judy Garland, à New-York, furent suivies par plus de 20 000 personnes venues lui rendre un dernier hommage. Les homosexuels pleuraient leur star dans leurs établissements, notamment au Stonewall Inn, un bar exigu, sombre, sale, et de réputation douteuse. Il était fréquenté par des travestis et une clientèle jeune attirée par la bonne musique branchée qu’on pouvait y écouter. Tenu par des “mafieux”, on dit que ce bar fut aussi un repaire pour les “gigolos”, et pratiquait la ségrégation pour une clientèle majoritairement blanche.
 Dans la nuit du 27 au 28 Juin 1969 vers 1h 20, lorsque huit policiers débarquèrent dans le bar pour une vérification de routine et embarquèrent quelques clients, les réactions furent franchement moins apeurées que d’habitude. Un rassemblement spontané devant le bar pour observer la police placer les interpellés dans le fourgon fit monter la pression.
 La rébellion grondait. Puis... un coup de poing vola. Sous des volées de projectiles divers, les travestis interpellés furent sortis du fourgon, la police se retrancha dans le bar pour appeler des renforts. Lesquels cernèrent vite le quartier de Christopher Street alors que la foule continuait de s’amasser. Pendant deux heures ,ce fut l’émeute... Les trois nuits suivantes aussi...
 L’appellation de cette auberge porte en elle une forte charge symbolique avec ce nom évoquant la force, la résistance, la solidité. Après ces émeutes, le mouvement de libération gay s’affirme, s’ancre justement solidement à cette pierre, à ce mythe de Stonewall. Ces jours-là, des homosexuels relevèrent la tête. Ils répondirent aux brimades, aux insultes, à l’injustice quotidiennes. Ils répondirent à l’invisibilité, aux inégalités flagrantes, à l’enfermement hétérosexiste... à deux pas de la fameuse Liberty ; statue de toutes les libertés individuelles, du respect de la personne humaine et du droit à la dignité. ... sauf pour les femmes et hommes homosexuels.
 Célébrée depuis, dans la plupart des grandes capitales occidentales, cette révolte signifia la fierté retrouvée après des siècles de silence, opprobre, de censure et de honte bue et re-bue jusqu’à la lie. Ici les homosexuels adoptèrent une réelle attitude offensive.
 Ici naît le “come out of the closet” (mot à mot : “sortir du placard”). Ici commence la prise de la Bastille des homos (comme le qualifia plus tard l’écrivain américain Edmund White, dans “La tendresse sur la peau”). Ici démarre la mémoire collective contemporaine des militants gais qui commencent leur émancipation et se mettent enfin debout (ou presque...). La date du 28 Juin 1969 constitue donc un marqueur historique important pour toutes les communautés homosexuelles du monde, le début d’une nouvelle ère de revendication à visage “ouvert” ou presque, de mobilisation générale de tous ceux qui luttent pour l’égalité, la visibilité et le droit à la différence.
 Ce fut également l’apparition d’une nouvelle conscience identitaire... mais saurons-nous jamais qui était là ce soir là, du 27 Juin, pour se révolter face à l’ordre établi ou qui pleurait la disparition de star aimée ? L’essentiel réside, de toute façon, dans cette dynamique de reconnaissance sociale des homosexuels qui pris pied sur le solide Stonewall. Sur Stonewell, fonderons-nous notre future pleine citoyenneté pour tous les hommes et femmes homosexuels, à l’instar du “Pierre, sur cette pierre, je fonderai.... “ PhC