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Homosexualité dans la littérature

lundi 26 août 2002, par phil

L’homosexualité et d’autres thèmes comme le changement de sexe ou la bisexualité sont présents dans la littérature depuis les origines, et de plus en plus fréquents dans les livres contemporains. Dans ces œuvres, il est possible de distinguer deux traitements différents de l’homosexualité : le traitement d’un point de vue externe, s’adressant à la perception du public (souvent négative) ; le traitement d’un point de vue intimiste, s’attachant à évoquer la vie amoureuse et sexuelle de personnes homosexuelles ou bisexuelles. Ces thèmes apparaissent dans de nombreux chefs-d’œuvre de la littérature générale.

Le terme « LGBT » permet d’inclure les thèmes littéraires qui touchent le domaine des sentiments et de l’érotisme autres qu’hétérosexuels - gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres, y compris ceux qui portent sur le changement spirituel ou l’indétermination physique ou sexuelle.

Dans l’Antiquité, la relation érotique entre les hommes, prenant souvent la forme de la relation maître/élève, était considérée comme naturelle. Cette conception se reflète dans les textes de Platon, qui évoque la pédérastie, et dans les poèmes de Sappho célébrant la beauté féminine. La Bible mentionne l’homosexualité à travers l’histoire de Sodome et Gomorrhe ; ce texte sans ambiguïté associe la généralisation des relations entre hommes et entre femmes à la décadence sociale, et a fortement influencé la civilisation occidentale, depuis la littérature européenne du Moyen Âge jusqu’à la censure que subirent certains textes au xxe siècle. De nos jours, ce sujet est évoqué beaucoup plus fréquemment, notamment à travers l’apparition de personnages homosexuels dans toutes les catégories de la littérature, mais aussi dans la culture populaire1 et la bande dessinée2. Un aperçu de ces sujets dans la littérature illustre le changement culturel du regard sur la diversité de l’orientation sexuelle à travers les âges.


 Égypte ancienne :

Seth (à gauche) et Horus (à droite) adorant Ramsès II à Abou Simbel Dans la mythologie égyptienne, un mythe d’un dieu appelé Atoum, ancêtre de tous les dieux. Il possédait à la fois l’essence du masculin et du féminin. Atoum engendra dans l’acte de masturbation et d’autofertilisation avec son propre sperme, ou en crachant, la première paire de dieux, composée du dieu Shou et de Tefnout, déesse de l’humidité.

Parmi les mythes des Textes des Pyramides, se trouve l’histoire d’un incident homosexuel lorsque Seth et Horus entrent en concurrence pour obtenir le pouvoir. Seth était le frère d’Osiris, qui incarne la vigueur virile. Son adversaire était Horus, le fils d’Osiris. Seth commet un viol sur Horus et dépose son sperme entre ses fesses. Ceci, cependant, n’a pas porté préjudice parce qu’Horus a interposé ses mains pour recueillir le sperme de Seth. Il a ensuite demandé l’aide d’Isis, sa mère, qui avait comploté une ruse pour se venger. Horus remplit de son sperme un récipient, puis le contenu de la cuve fut ajouté aux aliments cuits pour Seth. De cette façon, Seth a été contaminée par le sperme de quelqu’un d’autre, et non Horus. Les deux portèrent leur querelle devant Osiris, qui tenait le tribunal. Seth réclama le pouvoir, faisant valoir que Horus ne pouvait pas être roi, parce qu’il subit le viol d’un homme. Le fils d’Osiris dit que c’était le contraire, parce que Seth portait en lui sa semence, et a été en mesure de le prouver4.

Pour les anciens Égyptiens, un recueil de prières, d’incantations et de sorts, écrit sur un papyrus inséré dans le sarcophage ou sur le mur de la tombe avait pour but d’assurer le succès de la personne décédée à toutes les étapes de la route dans l’au-delà, avant d’atteindre l’immortalité. Dans chaque Livre des morts, peuvent être lu comme de soi-disant aveux, une confession négative, tels que ceux du papyrus du prêtre-scribe Neferhotep, conservé au Musée Czartoryski à Cracovie :

À propos de Usech-Nemet, qui vient de Junu ! Ne pas commettre de péchés. À propos de Hepet-Seden, qui vient de Cher-Oh ! Ne pas voler. Sur Fed/Nedi, qui vient de Chemenu ! Ne pas lever la main. (...) À propos de Nrer-Haf, qui vient de Tephet ! Ne pas se masturber, ne pas commettre l’adultère avec le garçon.

Il convient de souligner que la relation homosexuelle n’est pas alors considérée comme un acte sexuel, mais comme une manifestation de la domination d’un homme sur un autre. Le rapport pourrait être une telle honte pour le passif, car il impliquait la soumission, l’abandon. Pour la partie active, c’est en fait une manifestation de la masculinité ou une manière de montrer le mépris ou d’humilier6.

 Mythologie des anciens Sumériens :

L’Épopée de Gilgamesh est une œuvre de l’ancienne Mésopotamie, qui remonte à 2300-2200 av. J.-C. Gilgamesh est un souverain sumérien semi-divin, et son ami Enkidu est un homme. Selon l’épopée, ils ont d’abord été des ennemis jurés - des dieux ont créé Enkidu avec de l’argile pour combattre Gilgamesh, tyran du peuple d’Uruk. Initialement, il était un barbare chevelu avec la force surhumaine d’un animal, qui vivait dans le désert avec les animaux. Pour capturer Enkidu, Gilgamesh lui envoie d’abord la courtisane Shamat le séduire. Enkidu cède à son charme, ce qui veut dire qui a découvert son humanité, et les animaux le fuient depuis lors. Gilgamesh avait fait à ce moment-là le rêve prophétique d’un guerrier des étoiles, qui l’égalait en tout.

Les deux héros se combattent, sans trouver d’issue, et deviennent amis. Mais Enkidu doit mourir à cause de son rôle dans le meurtre du taureau céleste Humbaba, et de la jalousie de la déesse Ishtar. Atteint d’une maladie grave envoyée par les dieux, Enkidu meurt dans les bras de son ami. Gilgamesh pleure pendant longtemps Enkidu, ne permettant pas de l’enterrer parmi les morts. Il grave sur le rocher, pour la postérité, son nom et celui d’Enkidu. Gilgamesh essaie ensuite d’obtenir l’herbe de l’immortalité, mais finalement il échoue. La plus ancienne œuvre poétique de la littérature décrit le désespoir de Gilgamesh.

(...)

 Mythes grecs antiques : La littérature et la philosophie de la Grèce antique ont leurs origines dans les mythes, qui apparaissent également dans des contextes associés à la communauté LGBT, y compris ceux qui sont de retour dans les œuvres littéraires modernes. Parmi les œuvres antiques, on peut citer ici des œuvres d’Ovide, Homère et de Virgile, mais ces mythes resurgissent longtemps après, chez Johann Wolfgang von Goethe dans son poème Ganymède (1774), ou dans la poésie homoérotique du poète contemporain Constantin Cavafy.

 Zeus et Ganymède :

Ganymède, sculpture de José Álvarez Cubero (1768–1827) Les mythes grecs nous apprennent que le souverain des dieux olympiens, Zeus, a entretenu des aventures amoureuses, et parmi ces nombreuses passades, il s’est pris d’engouement érotique pour le beau Ganymède. Il devait être fils de Tros (dont le nom dérive du nom de Troie) et l’homme le plus jeune et beau sur Terre. Zeus changé en aigle enleve le jeune homme de la plaine de Troie, le porte sur l’Olympe. Il rend son amant immortel et en fait l’échanson des dieux7. Cette histoire apparaît dans l’Iliade (XX.231-235), dans Ô dieux d’Apollodore (III.12.2) dans l’Énéide (V.252) de Virgile et Les Métamorphoses (X.155) d’Ovide.

Platon dans le Phèdre (79) renvoie au mythe de Ganymède pour les propres sentiments qu’il éprouvait pour ses élèves, mais dans Les Lois (I.8) il dénonce l’homosexualité comme incompatible avec la nature et discrédite le mythe en tant que pure invention. Pour la relation homosexuelle de Zeus et de Ganymède, les Romains y font allusion à plusieurs reprises, souvent de façon très claire : Martial (y compris les épigrammes février 43 et septembre 36), et Juvénal. Parmi les auteurs que l’on peut mentionner depuis, figurent Goethe et Cavafy.

 Littérature de la Grèce antique : En plus de ces œuvres antérieures tirées de la mythologie, les sujets relatifs aux personnes LGBT apparaissent dans de nombreux autres œuvres non-mythologiques, la grande majorité des textes connus d’aujourd’hui se rapporte à l’amour homosexuel.

 Poésie de Théognis de Mégare : Le premier texte homoérotique connu en Grèce se compose des 164 dernières lignes (nommé livre II) des poèmes attribués à Théognis de Mégare. Écrits au ive siècle av. J.-C., c’est une série de courts poèmes adressée à des garçons, exprimant les sentiments qu’ils inspirent.

 Comédies d’Aristophane : L’homosexualité fournit toute une série de prétextes humoristiques pour Aristophane (446-385 av. J.-C.) 18. Il y a de nombreux thèmes dans ses comédies, se référant explicitement à la sexualité homosexuelle, qu’Aristophane traite comme une sorte de libertinage aristocratique19. Ils apparaissent dans une certaine mesure dans chacune des comédies qui nous restent d’Aristophane. Il plaisante avec de telles pratiques, parfois de manière un peu grossière. Dans la comédie La Paix, il mentionne un des héros qui est attiré par les garçons de la palestre. Dans Les Oiseaux, il raconte une rencontre prévue avec un beau garçon. Et dans Les Cavaliers, le personnage du Serviteur jette une épithète sexuelle peu raffinée (c. 433), pour faire une caricature convaincante du dévouement d’Agoracritos envers le Peuple, il les compare à la cour faite à de jeunes hommes (c. 746-752). Souvent, les gens riaient ouvertement lorsqu’il donnait le nom d’une personnalité connue pour aimer les personnes de son sexe, comme Clisthène et Cléon. Il se moque d’eux, y compris dans la comédie Les Cavaliers (v. 979, 1397 et 1398) et dans la suivante, Les Nuées (c. 405 et 409).

 Œuvres de Platon : Platon a consacré à l’amour entre hommes plusieurs passages de ses deux œuvres Le Banquet et Phèdre. Il donne pour point de départ de sa métaphysique le désir homosexuel, excité par la beauté sensuelle20.

 Littérature germanique ancienne : Dans la littérature germanique ancienne (islandaise, scandinave...), il n’y a pas de saga ou de livres traitant directement de l’homosexualité, mais dans plusieurs sagas, celle-ci est mentionnée. Il semble y avoir eu une différence entre l’homosexualité passive ou le fait d’être sodomisé et l’homosexualité active, c’est-à-dire être sodomite.

La personne passive était traité d’« ergi », et cela était considéré être un insulte très grave. Le fait d’être sodomite ne semble pas porter à conséquence.

Dans le Gudmundar Saga est décrit un viol collectif sur un prètre par des « bouffons ». Ce viol fut décidé comme punition pour le prêtre qui avait une maîtresse. Dans le Helgakviða Hundingsbana I, deux guerriers s’insultent l’un l’autre avant de commence un combat se traitant mutuellement d’earg. Saxo Grammaticus mentionne dans son Gesta Danorum que les hommes au service de la déesse Freya et du dieu Njörðr avaient l’« ergi ». L’homosexualité semblait accepté pour ce sacerdoce.


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