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Mythes grecs antiques

vendredi 21 octobre 2016, par Lionel 3

La littérature et la philosophie de la Grèce antique ont leurs origines dans les mythes, qui apparaissent également dans des contextes associés à la communauté LGBT, y compris ceux qui sont de retour dans les œuvres littéraires modernes. Parmi les œuvres antiques, on peut citer ici des œuvres d’Ovide, Homère et de Virgile, mais ces mythes resurgissent longtemps après, chez Johann Wolfgang von Goethe dans son poème Ganymède (1774), ou dans la poésie homoérotique du poète contemporain Constantin Cavafy.

  Zeus et Ganymède :

Ganymède, sculpture de José Álvarez Cubero (1768–1827)
Les mythes grecs nous apprennent que le souverain des dieux olympiens, Zeus, a entretenu des aventures amoureuses, et parmi ces nombreuses passades, il s’est pris d’engouement érotique pour le beau Ganymède. Il devait être fils de Tros (dont le nom dérive du nom de Troie) et l’homme le plus jeune et beau sur Terre. Zeus changé en aigle enleve le jeune homme de la plaine de Troie, le porte sur l’Olympe. Il rend son amant immortel et en fait l’échanson des dieux7. Cette histoire apparaît dans l’Iliade (XX.231-235), dans Ô dieux d’Apollodore (III.12.2) dans l’Énéide (V.252) de Virgile et Les Métamorphoses (X.155) d’Ovide8.

Platon dans le Phèdre (79) renvoie au mythe de Ganymède pour les propres sentiments qu’il éprouvait pour ses élèves, mais dans Les Lois (I.8) il dénonce l’homosexualité comme incompatible avec la nature et discrédite le mythe en tant que pure invention. Pour la relation homosexuelle de Zeus et de Ganymède, les Romains y font allusion à plusieurs reprises, souvent de façon très claire : Martial (y compris les épigrammes février 43 et septembre 36), et Juvénal. Parmi les auteurs que l’on peut mentionner depuis, figurent Goethe et Cavafy.

 Apollon et Hyacinthe, et Thamyris :

La Mort d’Hyacinthe, par Merry-Joseph Blondel
Un beau jeune homme, qui a charmé le dieu était censé être le prince de Sparte Hyacinthe, qui est tombé amoureux d’Apollon. Le dieu l’aime tellement qu’il lui a enseigné à tirer à l’arc et à jouer de la lyre. L’histoire d’amour se termine tragiquement, lorsque l’amant a été tué par un dieu, qui le blesse accidentellement en lançant un disque. Selon une autre version, Zéphyr, jaloux de la fuite du jeune garçon, en est venu à le frapper mortellement à la tête.

Dans d’autres versions encore, Hyacinthe serait tombé amoureux plus tôt du poète Thamyris, qui devait être selon le mythe le premier homme à chanter les amours homosexuelles. Rival d’Apollon pour les charmes de Hyacinthe, il se vante de pouvoir chanter mieux que sa musique. Apollon fait malicieusement appel aux Muses, qui privent le poète de sa voix, de vision et de capacité à jouer de la lyre. Différentes versions de l’histoire proviennent de l’Iliade (II.595-600), Dialogues des dieux (14) de Lucien de Samosate, la Description de la Grèce de Pausanias le Périégète (Livre III.1.3) et Ô dieux d’Apollodore (1.3.3)9.

 Pélops et Poséidon :
Le prince Pélops et le dieu de la mer Poséidon ont aussi été amants. Pélops était le fils du roi Tantale, et a été victime de son père : tué puis servi lors d’un banquet aux dieux de l’Olympe. Après avoir châtié son père, Zeus décide de faire revenir Pélops à la vie. Il ordonne à Hermès de rassembler tous les membres du fils de Tantale, de les bouillir à nouveau dans le même chaudron, puis jette un sort, grâce auquel la Moire Clotho réunit tous ses membres. Du chaudron sort un jeune homme d’une telle beauté que le dieu Poséidon en tombe amoureux et le mène sur l’Olympe dans un char tiré par des chevaux d’or. Le roi de la mer le nomma son échanson et amant, comme précédemment Zeus et Ganymède, il sert désormais l’ambroisie. Cette histoire est remémorée dans l’Ode de Pindare aux premiers jeux olympiques (I.37 et suiv.) [11], Ô dieux d’Apollodore (II.3), Charidêmos de Lucien de Samosate (7), les Métamorphoses d’Ovide (VI.406), Lycophron de Jean Tzétzès (152), la Description de Pausanias le Périégète (Livre V.13.3)10.

 Minos et ses frères :
De la romance de Zeus et d’Europe, abandonnée par le dieu en Crète, trois fils sont nés : Minos, Sarpédon et Rhadamanthe. Lorsque la mère a épousé le roi de Crète, Astérion, leur union étant sans enfants, le roi a adopté les garçons. Selon le mythe, les frères, après avoir atteint l’âge de la majorité, s’éprennent tous du même beau garçon, Milétos, fils d’Apollon et de la nymphe Areia. Cette passion conduit à une querelle entre les frères, et le garçon finit par choisir Sarpédon. Minos les expulse alors Milétos de l’île, dont ils s’échappent avec une grande flotte de Carie en Asie Mineure, où il a fondé la ville de Milet. Selon d’autres versions, le garçon à l’origine de la querelle des frères s’appelle Antymnios, fils de Zeus et de Cassiopée, ou de Phénix fils d’Agénor.

L’histoire d’amour des trois frères pour l’enfant est décrite, entre autres, par Diodore de Sicile11, Apollodore12 Ovide dans ses Métamorphoses13 et Antoninus Liberalis14,15.

 Laïos et Chrysippe :
Dans la mythologie, Laïos roi de Thèbes, mari de Jocaste et père d’Œdipe, séduit et enlève le beau garçon Chrysippe. Le garçon est dit être le fils de Pélops et de la reine Hippodamie. En fait, il serait le fils illégitime de Pélops et de la nymphe Astychone. Laïos, exilé de Thèbes, rend visite à Pélops à Pise. Puis il rencontre Chrysippe, il lui enseigne l’art de conduire le char et tombe amoureux de lui. Lorsque la sentence de bannissement pour Laïos été révoquée, il apporte l’enfant aux Jeux olympiques de Némée sur son char, et l’emporte à Thèbes comme son impôt.

La déesse Héra, patronne de la fidélité conjugale, envoie la Sphinx aux Thébains pour dévaster la ville, pour le fait qu’ils n’ont pas condamné l’amour profane de leur maître. Laïos reçoit lui-même son châtiment, il est retrouvé tué par Œdipe, qui n’avait pas reconnu en lui son père. Chrysippe devait se suicider de honte, ou, selon une autre version, il a été tué par ses demi-frères, Thyeste et Atrée, sur ordre d’Hippodamie, ou qu’elle l’a tué, de peur que ses fils ne reçoivent pas la succession.

Le mythe en fait une source de la pédérastie à Thèbes. Parfois, il a été compris dans ce cas avec une connotation négative, qui en voit donc la propagation dans le monde comme un péché et une menace sociale16. Certains ont fait valoir que c’était Laïos, et non Thamyris ou Minos, qui fut le premier Grec homosexuel, et qu’il n’a donc pas seulement échoué à condamner l’amour entre les hommes, mais parce qu’il aurait créé le bataillon sacré, composé de guerriers et de leurs amants. L’histoire de Laïos se trouve, entre autres, dans Chrysippos d’Apollodore[Qui ?], dans Les Dieux[Quoi ?] (III.5.5), les Fables d’Hygin (85 et 271), les Deipnosophistes d’Athénée (XIII.79), les Vies de Plutarque (33) et les Histoires variées d’Élien (XII.5).

 Hermaphrodite et Androgyne :

Hermaphrodite endormi, musée du Louvre
Hermaphrodite dans la tradition de la divinité androgyne ancienne était vénéré entre autres à Chypre et Rhodes. Dans la mythologie, c’est un jeune homme, fils d’Hermès et d’Aphrodite, qui tombe amoureux de la nymphe Salmacis. Lorsqu’elle voit qu’il reste insensible à ses avances, la nymphe prie les dieux de s’unir à lui, pour former un seul être possédant les caractéristiques des deux sexes. Dans une autre version, Hermaphrodite est né avec les deux sexes, il a essentiellement l’apparence d’un jeune homme, avec des seins de femmes et les cheveux longs. La présence de l’hermaphrodite dans les mythes, comme l’androgyne, une femme à barbe, illustre la transition religieuse et sociale du matriarcat au patriarcat.

Hermaphrodite est mentionné entre autres par dans la bibliothèque historique (4,6) de Diodore de Sicile, et dans les Pythiques (VIII.24) de Pindare.

 Achille et Patrocle :

Achille pansant Patrocle atteint par une flèche, identifiés par des inscriptions sur la partie supérieure du vase. Médaillon d’un kylix attique à figures rouges, v. 500 av. J.-C. Provenance : Vulci
Fameux dans la mythologie grecque est le personnage d’Achille, le héros de l’Iliade, qui était connu pour le grand amour qu’il avait d’abord pour Patrocle, et après sa mort Polyxène. Bien que Homère ne mentionne pas les détails érotiques, mais selon certaines interprétations, peut être retracé dans certains de ces sentiments d’ambivalence17. Cette interprétation est fondée sur la similitude avec les couples sumérien Gilgamesh - Enkidu : Les deux guerriers inséparables, la mort de l’un d’eux, et le désespoir du second, qui interdit d’enterrer son amant. Sur le sentiment qui unit Achille et Patrocle, beaucoup plus profond qu’une simple amitié fraternelle, Eschyle a écrit Les Myrmidons. Pour appuyer une telle perception de la relation entre les deux guerriers, citons le cas d’Alexandre le Grand, qui a parlé de sa liaison avec Héphaestion comme une nouvelle incarnation d’Achille et Patrocle. Voir certaines références à ce propos dans Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar.


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