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Le racisme est-il une spécificité occidentale ?

jeudi 20 avril 2017, par Lionel 3

À en croire l’historien Jean-Frédéric Schaub, la matrice du racisme est à chercher dans l’Europe méridionale du 15e siècle. Ce n’est pas un hasard : le racisme ne peut émerger, note J.F. Schaub, que dans des sociétés où l’écart entre groupes sociaux tend à se réduire, voire à disparaître. Le raisonnement raciste viendrait alors répondre à un besoin « de révéler des distinctions que l’œil n’identifie plus », de créer de la différence, de l’altérité.

L’historien George M. Fredrickson pour sa part n’exclut pas qu’il ait pu exister des formes de racisme ailleurs qu’en Occident, mais il précise que le racisme occidental bénéficie d’une visibilité plus forte. Il l’explique par la surprise que peut créer ce type de comportement dans des sociétés qui défendent l’égalité entre individus : « Il n’y a qu’en Occident que nous trouvons cette interaction dialectique entre un postulat d’égalité et de puissants préjugés à l’encontre de certains groupes – condition apparemment indispensable au plein épanouissement du racisme comme idéologie ou vision du monde. »

Pourtant, des études montrent que le racisme se manifeste au-delà des pays occidentaux. Par exemple, au Japon, à l’égard des minorités Aïnous, des Chinois ou encore des Coréens ; en Chine, à l’égard des Noirs ; en Inde avec le dispositif des castes (des communautés héritées par la naissance et dont les membres sont perçus comme plus ou moins purs, ce qui leur confère des droits inégaux). Ces dernières sont considérées aujourd’hui par les sociologues comme l’équivalent du racisme (Christophe Jaffrelot et Jules Naudet, Justifier l’ordre social. Caste, race, classe et genre, 2013).

Maud Navarre


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L’exposition Nous et les autres du Musée de l’Homme

Situé à Paris, le Musée de l’Homme présente l’exposition « Nous et les autres. Des préjugés au racisme » du 31 mars 2017 au 8 janvier 2018, sous le patronage de l’Unesco. L’exposition s’appuie sur les résultats des recherches récentes sur le racisme. . La scénographie, originale, grâce aux multimédias, nous plonge au cœur du sujet.

Dès les premiers pas, le visiteur est confronté à ses propres stéréotypes. Immergé dans un hall d’aéroport, lieu par excellence de croisement des cultures, des tablettes numériques permettent de réaliser des expériences pour tester ses préjugés.

L’exposition propose ensuite un voyage dans l’histoire du racisme, de la construction de la pensée des races au 17e siècle jusqu’à ses manifestations institutionnelles (l’esclavagisme français, le nazisme, la ségrégation américaine…). Des lois et des droits entérinent la suprématie de la race blanche ; l’anthropologie biologique essaie de les justifier.

La visite se poursuit par un état des lieux du racisme aujourd’hui. Existe-t-il vraiment des races ? Non, répond la génétique. Il peut y avoir plus de différences entre les gènes de deux Européens qu’entre un Européen et un Africain, ou un Africain et un Asiatique. Des données statistiques prouvent pourtant que les discriminations et les stéréotypes racistes restent répandus.

Dans un décor urbain avec des chaises de bistrot et des tables, le visiteur découvre pour finir quatre spécialistes, filmés pour l’occasion : ils débattent et présentent des solutions possibles pour mieux vivre ensemble.