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Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie : le cri d’alarme des associations

samedi 15 juin 2019, par phil

6 ans après le vote de la loi sur le mariage pour tous, l’homophobie est en recrudescence en France. Les associations d’aide aux victimes lancent un appel d’urgence aux pouvoirs publics.

"Au moment du débat sur la loi pour le mariage pour tous, on avait atteint des pics d’homophobie, avec une augmentation de 78 % en un an.
Entre 2014 et 2016, on a noté une diminution des témoignages et à nouveau la tendance est repartie à la hausse à l’occasion de l’élection présidentielle". Le tableau sombre est brossé avec Joël Deumier, co-président de Sos homophobie, association nationale de lutte contre l’homophobie.
"Après le vote de la loi, la société a évolué. la société prend conscience de l’existence d’une population qui n’avait pas les mêmes droits et ne pouvait pas vivre de manière visible. Cette médiatisation nourrit une acceptation et une compréhension."
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Mais l’an passé, entre la fin de l’été et Noël, une nouvelle vague de violences homophobes surgit : "il n’y a pas eu un jour sans une révélation dans la presse ou sur les réseaux sociaux d’une nouvelle agression liée à l’orientation sexuelle."

Gifles, coups de poings, agressions à l’arme blanche, les personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) sont de plus en plus en danger en France. 2018 est une année noire, selon le dernier rapport de Sos Homophobie.
Les témoignages d’actes homophobes enregistrés par l’association ont augmenté de 15 % par rapport à 2017. Les agressions physiques sont en croissance de 66 %, marquant une escalade de la violence lors du 2e trimestre 2018. Une agression physique par jour a été rapportée à Sos Homophobie. Et un acte lesbophobe est signalé quotidiennement. Les lieux de prédilections sont des endroits publics, puis le voisinage et le monde du travail. Les auteurs sont principalement des hommes jeunes agissant en bande.

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Dans les cours d’écoles, de nombreux jeunes sont mis à l’écart pour leur orientation sexuelle avérée ou supposée. SOS Homophobie recueille des témoignages d’une grande violence : "On retrouve des garçons bousculés, le pantalon baissé, coincés dans les toilettes", souligne Véronique Godet.

Selon une étude IFOP réalisée en juin 2018, parmi les personnes qui affirment avoir été discriminées en raison de leur orientation sexuelle au cours de leur vie, 21% l’ont été lors de leur scolarité, soit plus d’une personne sur cinq.
Selon Véronique Godet, "les équipes éducatives sont parfois complices de fait. L’expression PD est l’insulte la plus fréquente dans les cours de récréation. Elle n’est pas toujours relevée par les adultes. Et certains professeurs rigolent à des blagues homophobes d’élèves."
On a beaucoup de témoignages de jeunes qui n’ont pas trouvé de refuge auprès d’adultes.
L’homophobie a des conséquences graves chez les jeunes. Elle favorise l’échec scolaire, l’isolement et peut conduire à des tentatives de suicide. Une étude réalisée par l’INPES en 2014 (Institut Nationale de la prévention et de l’éducation pour la Santé ) montre que les risques de suicide chez les homosexuels sont 4 et 7 fois plus élevés que pour le reste de la population .
Des chiffres très inquiétants confirmés par les statistiques du Ministère de l’intérieur : le nombre de plaintes à caractère homophobe enregistrées de janvier à septembre 2018 est en hausse de 15% par rapport à la même période en 2017 : 1026 victimes d’infractions, à caractère homophobe ou transphobe, ont été comptabilisées en 2017, dont 262 actes de violences physiques.

En Octobre dernier, Guillaume Mélanie, le président d’Urgence Homophobie se fait traiter de PD et est frappé d’un coup de poing en sortant d’un restaurant.

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En mars dernier, deux jeunes femmes se font agresser devant le centre commercial de la Part-Dieu à Lyon : insultées et attaquées au cutter après s’être embrassées.
Les hommes sont les principales victimes d’agressions physiques : le 1er mai dernier, le secrétaire général de l’association Stop Homophobie Terrence Katchadourian, se fait lui aussi insulter et agresser en pleine rue.

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La reconnaissance des agressions homophobes par les lois rassure les homosexuels. Ce qui explique la montée des chiffres. Et cela incite les autres victimes à témoigner."


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