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Victim

mardi 8 août 2000, par Andy

Considéré comme le premier film traitant ouvertement de l’homosexualité à l’écran, à une époque où elle était encore passible de prison en Angleterre, ce thriller en noir et blanc de Basil Dearden reste une œuvre étonnante. Mélange d’étude psychologique à la Joseph Losey et de suspense hitchcockien, il raconte une histoire de chantage tragique et haletante. Dirk Bogarde, déjà star et qui accepta de mettre en péril sa popularité, incarne un grand avocat, apparemment heureux en ménage, et homosexuel « repenti ».

 « Inverti » : cet adjectif péjoratif et puritain pour qualifier les homosexuels est prononcé à plusieurs reprises dans Victim. C’était en 1961 - il n’y a pas si longtemps, finalement.
 Considéré comme le premier film traitant ouvertement de l’homosexualité à l’écran, à une époque où elle était encore passible de prison en Angleterre, ce thriller en noir et blanc de Basil Dearden reste une œuvre étonnante. Mélange d’étude psychologique à la Joseph Losey et de suspense hitchcockien, il raconte une histoire de chantage tragique et haletante. Dirk Bogarde, déjà star et qui accepta de mettre en péril sa popularité, incarne un grand avocat, apparemment heureux en ménage, et homosexuel « repenti ».
 Mais on ne guérit pas de cette « maladie ». Quand un jeune homme amoureux de lui et victime de maîtres chanteurs se pend, il associe ses efforts à ceux de la police pour démasquer les rançonneurs qui n’en sont pas à leur coup d’essai.
 Basil Dearden sait ménager les rebondissements (les coupables ne sont pas ceux que l’on croit et les flics jouent parfaitement les gays). Il surprend, aussi, à travers le personnage de l’épouse « moderne » et par son ironie toute britannique : voir le personnage épatant du commissaire tolérant et débonnaire, mais surtout la scène où le héros découvre les mœurs de ses amis notables. Il montre à quel point la peur du scandale (et de la prison) pouvait mener des victimes de chantage à accepter leur sort.
 En dépit d’une musique omniprésente et pénible, il faut découvrir ce film noir qui joua un rôle déterminant dans l’abolition des lois anti-homosexuelles au parlement anglais, en 1967.